mercredi 27 juillet 2011

L'Italie comme un jardin - Seconda parte

Voici venu le temps de la fameuse histoire de la fois où je suis allée faire faire ma carte de séjour, celle-là même qui me donne le droit de travailler et de bénéficier des services de soins de santé. Pour obtenir ladite carte, nous nous sommes présentés à la polizia di stato vendredi matin dernier, puisqu’ils ne traitent ce genre de demande que le vendredi matin. Punto. F. avait tâché d’appeler avant pour savoir exactement de quels documents nous aurions besoin une fois sur place, car les informations qu’il avait trouvées sur Internet n’étaient pas très claires, mais on lui a répondu qu’on ne pouvait lui fournir ces informations, que pour en savoir plus, il devait se présenter le vendredi matin. Un peu ridicule, puisque si tu arrives là sans avoir le nécessaire, tu devras attendre au vendredi suivant pour y retourner.

Les bureaux ouvrent à 8h00 ; nous sommes arrivés vers 7h45. Il y avait déjà une dizaine de personnes qui attendaient, de manière un peu désorganisée. Nous les avons rejointes, ne sachant pas trop derrière qui nous mettre, puisqu’il n’y avait pas de file à proprement parler. D’autres gens sont arrivés après nous, faisant face au même problème. Quand est venu le temps de faire entrer les gens pour leur donner un numéro, là, c’était le bordel. « Mais non, c’est moi qui suis arrivé en premier, pas lui », « Scusez, mais la madame là-bas, elle est arrivée bien avant vous », « C’est faux, je suis là depuis 7h30 ». F. et moi étions à la fois crampés et frustrés : une belle ligne droite aurait réglé tous les problèmes. Nous avons finalement été dépassés par un jeune couple de je ne sais trop quelle origine, qui se croyait tout permis parce qu’il était muni d’une poussette et de deux enfants. Soit.

L’attente fut plutôt longue – un peu plus de deux heures. Une fois notre tour venu, F. a expliqué notre situation au policier, qui devait être plus simple à gérer que celle de tous les gens qui nous entouraient, puisque je suis mariée à un citoyen italien. Les démarches n’étaient effectivement pas compliquées, seulement, comme prévu, il nous manquait des choses. Rien de majeur : il nous fallait simplement faire quelques photocopies de documents que nous avions déjà avec nous et acheter un timbre de 14,62 euros. Pourquoi le timbre ? Parce qu’ici, les services étatiques ne tiennent pas de caisse. Probablement pour éviter le vol et la corruption – qui aurait cru qu’il y avait de cela au pays de la mafia ! – ils demandent aux gens qui doivent payer certains frais de se rendre dans un comptoir postal pour acheter des timbres qui jouent le rôle de preuve de paiement. Ceux qui gèrent le comptoir postal doivent ensuite verser les argents perçus au gouvernement. Nous sommes donc allés acheter le super timbre et faire les photocopies à la tabaccheria la plus proche. En d’autres mots, c’est le gars du dépanneur qui m’a fait payer ma carte de séjour. Et celle-ci ne m’a coûté que 14,62 euros. C’est aussi cheap que le vin, quoi ! Quand je pense aux milliers de dollars que F. a dû débourser pour pouvoir immigrer au Canada, ça me fait halluciner…

Une fois que nous avions tout ce qu’il fallait, nous avons rempli le formulaire qu’on nous avait remis et sommes retournés voir le policier. Sans prendre de numéro cette fois. Parce que c’est comme ça que ça fonctionne : quand tu as déjà vu l’agent et que tu as simplement dû aller remplir des formulaires ou chercher des trucs, tu es autorisé à dépasser tout le monde. Beau chaos, encore une fois. Prochaine étape, de nous indiquer le policier : les empreintes digitales. Je me suis rendue dans une salle à l’arrière pour qu’un gentil monsieur prenne les empreintes de chacun de mes doigts et de mes deux paumes – ça y’est, si je fais un cambriolage et que j’oublie de mettre mes gants, ils vont tout de suite me retracer !

De retour au comptoir de l’agent – toujours en dépassant les autres – celui-ci nous fait remarquer qu’il y a une erreur sur notre certificat de mariage : au lieu d’être écrit que je suis née le 09-10-19**, il est inscrit que je le suis le 10-09-19**. Comme la date ne correspond pas à celle inscrite dans mon passeport, cela risque de causer des problèmes. Che cazzo ! « Je ferme seulement dans deux heures, vous avez le temps d’aller au bureau de je ne sais plus quoi pour vérifier si vous ne pouvez pas faire changer ça tout de suite et l’imprimer à nouveau. » Bon. Rembarque dans la voiture. Retourne voir le p’tit monsieur gentil de l’autre jour. Il cherche d’où vient l’erreur. Si elle vient de Montréal, on est dans la marde, car il va lui falloir communiquer avec le consulat montréalais, attendre leur réponse, bla bla bla. Finalement, non, l’erreur est la leur. Fiouh. Sauf que ça va lui prendre 2 heures à faire ses vérifications, changer les choses dans le dossier, faire valider le tout par une personne X, et… Deux heures. La polizia va être fermée et il va falloir attendre à vendredi prochain. Retourner attendre pas en file avec une bande d’immigrés qui ne connaissent pas les lignes droites, super. Devant notre désespoir apparent, l’aimable fonctionnaire nous a dit « D’accord. Je vous l’imprime tout de suite. Mais c’est au bord de ne pas être légal ce que je fais. » Vive les choses pas trop légales.

De retour à la polizia, encore une fois. Nouveau dépassement. Nous revoilà monsieur. Cette fois, il semble que tout y est et que nous allons pouvoir retourner chez nous. Heureusement, car on commence à avoir faim. L’agent nous précise que je devrais recevoir mes papiers vers la mi-août. (Rappelons que F. a attendu un an et demi avant d’avoir sa résidence permanente, qui est plus ou moins l’équivalent de ma carte de séjour. Sans commentaire.) F. lui demande quand je pourrai commencer à travailler : « Bien, tout de suite. Je ne vois pas pourquoi elle ne pourrait pas. Elle n’a qu’à aller se faire faire un code fiscal. Avec le reçu que je vous ai donné, il n’y en a pas, de problème. » Depuis lundi, j’ai donc un code fiscal qui me permet de travailler et d’obtenir des soins de santé. Ah, et j’ai aussi un médecin de famille. Une semaine après être arrivée en Italie, j’ai obtenu ce que 2 millions de Québécois attendent toujours.

Tout n’est pas parfait en Italie, mais il y a tout de même certaines choses qu’eux ont comprises et nous pas. 

1 commentaire:

  1. Ma chère Mélissa,

    Les photos de ton voyage en Toscane sont magnifiques, mais pas autant que toi, qui est resplendissante ! Tu sembles filer le parfait bonheur. Je suis heureuse pour toi. A+ Noémie xxx

    RépondreSupprimer