mercredi 27 juillet 2011

L'Italie comme un jardin - Seconda parte

Voici venu le temps de la fameuse histoire de la fois où je suis allée faire faire ma carte de séjour, celle-là même qui me donne le droit de travailler et de bénéficier des services de soins de santé. Pour obtenir ladite carte, nous nous sommes présentés à la polizia di stato vendredi matin dernier, puisqu’ils ne traitent ce genre de demande que le vendredi matin. Punto. F. avait tâché d’appeler avant pour savoir exactement de quels documents nous aurions besoin une fois sur place, car les informations qu’il avait trouvées sur Internet n’étaient pas très claires, mais on lui a répondu qu’on ne pouvait lui fournir ces informations, que pour en savoir plus, il devait se présenter le vendredi matin. Un peu ridicule, puisque si tu arrives là sans avoir le nécessaire, tu devras attendre au vendredi suivant pour y retourner.

Les bureaux ouvrent à 8h00 ; nous sommes arrivés vers 7h45. Il y avait déjà une dizaine de personnes qui attendaient, de manière un peu désorganisée. Nous les avons rejointes, ne sachant pas trop derrière qui nous mettre, puisqu’il n’y avait pas de file à proprement parler. D’autres gens sont arrivés après nous, faisant face au même problème. Quand est venu le temps de faire entrer les gens pour leur donner un numéro, là, c’était le bordel. « Mais non, c’est moi qui suis arrivé en premier, pas lui », « Scusez, mais la madame là-bas, elle est arrivée bien avant vous », « C’est faux, je suis là depuis 7h30 ». F. et moi étions à la fois crampés et frustrés : une belle ligne droite aurait réglé tous les problèmes. Nous avons finalement été dépassés par un jeune couple de je ne sais trop quelle origine, qui se croyait tout permis parce qu’il était muni d’une poussette et de deux enfants. Soit.

L’attente fut plutôt longue – un peu plus de deux heures. Une fois notre tour venu, F. a expliqué notre situation au policier, qui devait être plus simple à gérer que celle de tous les gens qui nous entouraient, puisque je suis mariée à un citoyen italien. Les démarches n’étaient effectivement pas compliquées, seulement, comme prévu, il nous manquait des choses. Rien de majeur : il nous fallait simplement faire quelques photocopies de documents que nous avions déjà avec nous et acheter un timbre de 14,62 euros. Pourquoi le timbre ? Parce qu’ici, les services étatiques ne tiennent pas de caisse. Probablement pour éviter le vol et la corruption – qui aurait cru qu’il y avait de cela au pays de la mafia ! – ils demandent aux gens qui doivent payer certains frais de se rendre dans un comptoir postal pour acheter des timbres qui jouent le rôle de preuve de paiement. Ceux qui gèrent le comptoir postal doivent ensuite verser les argents perçus au gouvernement. Nous sommes donc allés acheter le super timbre et faire les photocopies à la tabaccheria la plus proche. En d’autres mots, c’est le gars du dépanneur qui m’a fait payer ma carte de séjour. Et celle-ci ne m’a coûté que 14,62 euros. C’est aussi cheap que le vin, quoi ! Quand je pense aux milliers de dollars que F. a dû débourser pour pouvoir immigrer au Canada, ça me fait halluciner…

Une fois que nous avions tout ce qu’il fallait, nous avons rempli le formulaire qu’on nous avait remis et sommes retournés voir le policier. Sans prendre de numéro cette fois. Parce que c’est comme ça que ça fonctionne : quand tu as déjà vu l’agent et que tu as simplement dû aller remplir des formulaires ou chercher des trucs, tu es autorisé à dépasser tout le monde. Beau chaos, encore une fois. Prochaine étape, de nous indiquer le policier : les empreintes digitales. Je me suis rendue dans une salle à l’arrière pour qu’un gentil monsieur prenne les empreintes de chacun de mes doigts et de mes deux paumes – ça y’est, si je fais un cambriolage et que j’oublie de mettre mes gants, ils vont tout de suite me retracer !

De retour au comptoir de l’agent – toujours en dépassant les autres – celui-ci nous fait remarquer qu’il y a une erreur sur notre certificat de mariage : au lieu d’être écrit que je suis née le 09-10-19**, il est inscrit que je le suis le 10-09-19**. Comme la date ne correspond pas à celle inscrite dans mon passeport, cela risque de causer des problèmes. Che cazzo ! « Je ferme seulement dans deux heures, vous avez le temps d’aller au bureau de je ne sais plus quoi pour vérifier si vous ne pouvez pas faire changer ça tout de suite et l’imprimer à nouveau. » Bon. Rembarque dans la voiture. Retourne voir le p’tit monsieur gentil de l’autre jour. Il cherche d’où vient l’erreur. Si elle vient de Montréal, on est dans la marde, car il va lui falloir communiquer avec le consulat montréalais, attendre leur réponse, bla bla bla. Finalement, non, l’erreur est la leur. Fiouh. Sauf que ça va lui prendre 2 heures à faire ses vérifications, changer les choses dans le dossier, faire valider le tout par une personne X, et… Deux heures. La polizia va être fermée et il va falloir attendre à vendredi prochain. Retourner attendre pas en file avec une bande d’immigrés qui ne connaissent pas les lignes droites, super. Devant notre désespoir apparent, l’aimable fonctionnaire nous a dit « D’accord. Je vous l’imprime tout de suite. Mais c’est au bord de ne pas être légal ce que je fais. » Vive les choses pas trop légales.

De retour à la polizia, encore une fois. Nouveau dépassement. Nous revoilà monsieur. Cette fois, il semble que tout y est et que nous allons pouvoir retourner chez nous. Heureusement, car on commence à avoir faim. L’agent nous précise que je devrais recevoir mes papiers vers la mi-août. (Rappelons que F. a attendu un an et demi avant d’avoir sa résidence permanente, qui est plus ou moins l’équivalent de ma carte de séjour. Sans commentaire.) F. lui demande quand je pourrai commencer à travailler : « Bien, tout de suite. Je ne vois pas pourquoi elle ne pourrait pas. Elle n’a qu’à aller se faire faire un code fiscal. Avec le reçu que je vous ai donné, il n’y en a pas, de problème. » Depuis lundi, j’ai donc un code fiscal qui me permet de travailler et d’obtenir des soins de santé. Ah, et j’ai aussi un médecin de famille. Une semaine après être arrivée en Italie, j’ai obtenu ce que 2 millions de Québécois attendent toujours.

Tout n’est pas parfait en Italie, mais il y a tout de même certaines choses qu’eux ont comprises et nous pas. 

L'Italie comme un jardin - Prima parte

Une des premières choses que nous avons faites en arrivant à Carpi fut d’aller acheter des fines herbes, de la salade, de la terre et des pots, pour faire un mini jardin sur notre terrasse. Nous aurions bien aimé avoir des tomates également, mais paraît-il que ce n’est plus la saison. Je vois difficilement comment ça peut être la saison au marché Jean-Talon et pas ici, mais bon, ne les obstinons pas !

Pour acheter le basilic, le persil plat, la salade et la roquette, nous sommes allés au marché de la place publique, qui a lieu tous les jeudis matins, à Carpi et dans plusieurs autres villes. Ici, le marché n’est non pas un endroit où l’on achète de la nourriture, mais plutôt un lieu où l’on se procure des vêtements, des bijoux, des sacs à main, des produits pour la maison, etc. Il y a parfois un ou deux kiosques qui vendent des plantes, comme c’est le cas au marché de Carpi, mais ce n’est pas le but principal du marché. À mon humble avis, l’objectif est plutôt d’écouler la marchandise fabriquée dans les usines mafieuses et de blanchir de l’argent, or, cela, je ne suis pas censée le dire trop fort – oups ! trop tard ! Vous devriez voir tous ces t-shirts, ces chandails, ces chemises made in Italia et vendus à cinq, dix ou quinze euros… Comment ne pas trouver cela louche. Enfin, jeudi dernier, nous n’étions pas là pour encourager les vendeurs de textiles, mais bien le maraîcher.

Cette première étape accomplie, nous nous sommes rendus dans une sorte de pépinière, située à l’orée de la campagne. Il nous fallait nous dépêcher, car midi approchait et il est nécessaire de se rappeler qu’ici, tout ferme sur l’heure du dîner pour ne rouvrir que vers 16 heures. Nous sommes arrivés juste à temps puisque le gars s’apprêtait effectivement à fermer ses grilles et à aller se bourrer la face de prosciutto per il pranzo (le lunch). Nous lui avons pris plusieurs jardinières, de la terre, ainsi qu’un plant de romarin et un autre de menthe. Une fois à la caisse, nous stressions un peu, car nous n’avions pas énormément de comptant sur nous et le mec n’acceptait pas les cartes de crédit. Total : 47 euros. Nous voyant compter nos cennes pour tenter d’atteindre la somme exacte, il a simplement dit « Dai. Quarantacinque euros. », dans le sens de « Quarante-cinq et on n’en parle plus. » Il a poursuivi en nous disant que nous serions mieux de mettre des petites boules de je ne sais trop quoi dans le fond des jardinières contenant la salade, afin que la terre soit bien drainée. Dans un élan de générosité, il a décidé de nous faire cadeau d’un sac de ces fameuses boules. En allant vers la voiture pour tout mettre dans le coffre, il s’est rendu compte qu’il avait oublié de nous charger les plants de romarin et de menthe, qui étaient demeurés à l’extérieur. Ils valaient 11 euros. Nous nous sommes remis à compter notre monnaie. Cette fois-ci, il était clair que nous n’en avions pas assez : il me restait à peine un euro et quelques centimes. Le mec a d’abord dit qu’il nous les laissait pour cinq euros. Puis, à peine trois secondes plus tard, il s’est ravisé en nous disant que ça aussi, il nous les donnait. De les prendre et de nous en aller. Je pense qu’il avait hâte d’aller manger son sandwich au jambon cru.

C’est le genre de scène qu’on ne verrait jamais au Québec. Si tu vas chez Jardin Hamel et que tu n’as pas d’argent pour payer, eh bien, tant pis pour toi mon p’tit bonhomme, tu reviendras une autre fois. Ici, tout se négocie. Tout s’achète et tout se donne. Il suffit d’être bien connecté ou, simplement, de faire de beaux sourires. Cette fois, à la pépinière, nous devions avoir l’air sympathiques, voilà tout.

De façon générale, les gens d’ici semblent effectivement nous trouver sympathiques et le deviennent par conséquent avec nous. Partout où nous sommes allés, dans tous ces bureaux où nous devions signer des papiers et faire imprimer des documents, les personnes qui nous ont servis ont été gentilles, courtoises et très accommodantes. Quelques-unes nous ont même fait des « passe-droits ». Comme cet homme au bureau de je ne me rappelle plus quoi – il y a vraiment trop de bureaux pour tout et pour rien ici –, qui a réimprimé notre certificat de mariage alors qu’il n’aurait pas était censé. Je vous raconte… Dans le prochain message ! (Qui suit à l’instant, je ne suis pas si cruelle, quand même !)

vendredi 22 juillet 2011

Chacun ses priorités

Me revoici déjà pour vous raconter la suite de nos aventures. Je ne voulais pas trop perdre de temps cette fois, afin de ne rien oublier de ce qui s’est passé depuis notre arrivée à Carpi.

Lundi, première journée ici, rien à signaler. Nous nous sommes installés, avons défait nos valises et puis basta. Notre état de fatigue avancée ne nous permettait pas de faire autre chose.

Le lendemain, nous devions commencer à faire nos quelques devoirs administratifs, afin de régulariser ma situation ici. Il nous fallait premièrement aller chercher une copie de notre certificat de mariage traduit en italien. Nous sommes arrivés au bureau de je ne sais plus trop quelle police – parce qu’ici, c’est les polices qui gèrent tout (la polizia di stato, la polizia municipale, la polizia stradale, etc.) –, nous avons pris un numéro et attendu notre tour… pendant 10 secondes ! Nous nous sommes présentés au comptoir où était appelé le F18, F. a expliqué à l’homme derrière la vitre ce dont nous avions besoin et 35 secondes plus tard, nous avions le papier en main. F., lui-même surpris de la rapidité de la chose s’est exclamé « Siamo a posto così ? » (« Tout est correct comme ça ? »), et l’homme de répondre « Sì, sì, siamo a posto. Arrivederci. » Non seulement cela nous avait pris moins de deux minutes obtenir le document dont nous avions besoin, mais qui plus est, il ne nous a rien coûté. Pour vous donner une idée, afin d’obtenir le même type de document au Québec, ça coûte entre 28$ et 65$ – et ça prend plusieurs jours. Bref, jusque là, tout ce qu’on m’avait dit sur la bureaucratie italienne qui était supposément un vrai labyrinthe (ou « un casino », comme ils disent ici) m’apparaissait totalement faux.

Mercredi et jeudi, il ne s’est pas passé grand-chose. Nous avons fait quelques courses, afin de nous procurer quelques petits produits de base que nous avions dû laisser derrière nous au Canada. J’entrerai ici dans des détails plutôt intimes, mais bon, à quoi bon jouer les prudes, puisque je crois que l’anecdote en vaut la peine !

Nous avons entre autres choses laissé au Québec une bouteille de lubrifiant – et tous nos jouets sexuels, oui, oui, Nico, je t’entends faire la blague jusqu’ici. Rien de très excitant en fait, juste un petit gel tout inoffensif à base d’eau. Pas de saveur de fraise ou d’effet de chaleur bizarre. Le classique K.Y. que plusieurs utilisent, quoi. Nous nous étions dit que ça serait le genre de choses très facile à racheter, au même titre que la pâte à dents. Erreur.

Premièrement, il faut savoir qu’ici, les pharmacies style Jean-Coutu, ça n’existe pas. Pour acheter des cosmétiques, il faut aller dans une profumeria, pour les produits naturels, dans une erboristeria, pour les médicaments, dans une farmacia et pour toutes les autres cochonneries qu’on vend chez Jean-Cout’, eh bien, il y a les tabaccherie, les supermercati, et que sais-je encore. Tout ça pour dire qu’il faut d’abord savoir où se garocher pour trouver ce qu’on cherche. Enfin, la farmacia nous semblait l’endroit tout indiqué pour trouver du bon vieux K.Y.

Autre chose qu’il faut savoir : ici, dans les farmacie, très peu de produits se trouvent sur les tablettes en vente libre ; il faut très souvent demander au commis derrière le comptoir qu’il nous donne ce qu’on veut. On a donc demandé à la gentille demoiselle à la caisse si elle avait du lubrifiant. Elle n’avait pas trop l’air de comprendre de quoi on parlait. F. lui a expliqué, en lui épargnant les détails. Un éclair de compréhension subite a traversé ses yeux. Puis, elle a dit que malheureusement, elle n’en avait pas. Comme toutes les farmacie sont reliées entre elles par le même système informatique, elle a par contre pu nous dire qu’il y en avait dans l’inventaire d’une farmacia de Modena (qui se trouve à plus ou moins 20 minutes de voiture). Elle a ensuite cherché dans ses tiroirs, en quête d’un produit équivalent qui pourrait correspondre à nos besoins, en vain. Elle a bien essayé de nous vendre un lubrifiant qui venait sous forme de sachet, à plus de treize euros l’emballage d’une vingtaine de sachets, mais nous avons dit non merci. Il allait falloir faire 20 minutes de voiture pour avoir notre maudit lubrifiant.

Nous devions aller à Modena pour d’autres raisons, alors nous avons effectué un léger détour par la fameuse farmacia San Faustino pour acheter le gel magique. Encore une fois, F. a dû expliquer au pharmacien ce qu’était du gel lubrifiant. Même éclair de compréhension subite dans le regard. Il ne lui restait plus qu’une seule bouteille. Onze euros. Cher, mais on l’a prise. On n’allait pas commencer à faire le tour de l’Italie pour trouver de l’os#$%?& de lubrifiant à un prix raisonnable. En résumé, à tous ceux qui avaient l’intention de m’envoyer un cadeau de fête ou un cadeau de Noël par la poste : vous détenez là une très belle idée cadeau.

Vraiment, on n’a pas compris en quoi c’est si extraordinaire de vouloir acheter du foutu lubrifiant ! Soit que les Italiennes sont génétiquement dotées d’une lubrification naturelle extra efficace, soit qu’elles ne font pas l’amour très souvent. Et les gais eux – ainsi que tous ceux qui aiment bien faire la chose par la porte d’en arrière –, bordel, ils font quoi ? Ils utilisent de l’huile d’olive extra vierge pressée à froid ? Tiens, je pense que je viens de comprendre le sens des mots « extra vierge » sur la bouteille d’huile…

***

À lire au cours des prochains jours : la fois où je suis allée faire faire mon permis de séjour à la polizia di stato. Émotions garanties ! D’ici là, n’oubliez pas de répondre à mon nouveau petit sondage et d’aller voir les nouvelles photos que j’ai importées, soit celles prises hier soir lors d’un souper chez Alberto, un ami de F., en compagnie entre autres du sosie italien de Sean Penn – qui n’est malheureusement pas présent sur les photos ; j’ai étrangement préféré photographier du salami et des champs de vignes. Chacun ses priorités.

***

AJOUT: F. a les priorités à la bonne place davantage que moi: lui a pris une photo d'Andrea, alias Sean Penn. Fiouh!

jeudi 21 juillet 2011

Les premiers pas

Cela fait trois jours que j’essaie de trouver du temps pour venir vous donner des nouvelles sans y parvenir ! C’est occupée, une Québécoise qui déménage en Italie, bon y’ieu ! Alors, je vais tâcher de vous faire un résumé de ce qui s’est passé depuis notre envolée.

Nous avons atterri à Paris Charles-de-Gaulle vendredi le 15 juillet, lendemain de fête nationale, comme prévu. Petit conseil à tous ceux qui voyagent avec Air Transat, comme c’était notre cas: ça peut vraiment valoir la peine de prendre l’« Option Plus », surtout si vous voyagez avec quelques kilos en trop – pas vous, mais vos valises ! – puisque ça vous donne droit à 10 kg de bagages supplémentaires, ainsi qu’à une foule de petites choses très appréciables, dont une bouteille de champagne (de prosecco en fait) à votre arrivée dans l’avion. C’est comme être en première classe, le confort du siège en moins. Tout ça pour seulement 60$. Bref, j’ai fini de faire ma pub pour eux. Là où je voulais en venir, c’est qu’avec cette fameuse « Option Plus », on a également droit à la livraison prioritaire des bagages une fois rendu à destination. Nos valises sont donc arrivées sur le carrousel en premier. Sauf une. Bordel. On a angoissé pendant un bon vingt minutes, croyant qu’elle avait été perdue, jusqu’à ce qu’elle apparaisse finalement parmi les valises « non prioritaires ». La dame au comptoir d’enregistrement à Québec avait seulement oublié de mettre l’étiquette « Priorité » dessus. Tu parles. S’il avait fallu qu’ils égarent cette valise… Elle contenait tous les vêtements de F. et quelques-uns des miens. Jamais les assurances ne nous auraient remboursé la valeur réelle de son contenu !

De l’aéroport, nous avons pris le RER pour nous rendre au centre-ville, afin d’économiser sur le taxi et d’en prendre un uniquement une fois rendus dans Paris même. Constat : l’accès au RER n’a pas été aménagé en fonction des gens qui déménagent d’un continent à l’autre et qui traînent chacun 45 kg de bagages. C’était toute une aventure de passer les portes d’entrée (heureusement, ce n’étaient pas des tourniquets) avec nos valises, qui roulaient très mal à cause de leur poids. Nous sommes débarqués à la Gare du Nord, où nous avons pris un taxi en direction de l’hôtel, qui n’était pas trop loin. Le chauffeur trouvait qu’on trimbalait pas mal de stock. Je lui ai dit que c’était pour un déménagement, mais il a dû croire que je blaguais, car il a poursuivi en ajoutant « Ah! les vacances ! » – « Non, je veux dire, nous déménageons pour vrai. » Probablement qu’ils sont rares, les gens qui partent de l’Amérique pour venir en Europe et qui, surtout, avant d’atteindre leur destination finale, font un petit crochet par Paris.

J’avoue que la prochaine fois, je vais peut-être éviter l’escale dans une ville tierce… Nous avions juste hâte d’arriver dans notre nouvelle maison ! Surtout que la température à Paris n’était pas géniale. Ça fait six jours qu’il pleut et qu’il fait froid là-bas. Le vendredi de notre arrivée, c’était plutôt ensoleillé et très agréable. Nous en avons profité aux côtés du charmant Steve Gagnon, avec qui j’étais allée déjeuner à Québec le dimanche précédent, moment où on a découvert qu’on allait être à Paris en même temps. Beau hasard. Steve nous a traînés – le mot est juste, nous étions sur le décalage horaire, alors… – jusqu’à la Mosquée de Paris où l’on sert aux quidams le thé à la menthe, dans le sympathique jardin intérieur. Il n’y avait que deux chaises à la table que nous avions choisie, alors j’ai demandé aux deux dames derrière nous si nous pouvions leur en emprunter une et il s’est avéré que je connaissais l’une d’entre elles ! Elle m’a dit : « Vous venez du Canada, n’est-ce pas ?! » C’était Véronique Cnockaert, une professeure de littérature d’origine française qui m’a enseigné à l’UQAM. Vraiment, le monde est si petit, ça fait peur parfois.

Après cet apéro à la marocaine, toujours en compagnie de Steve, qui tenait absolument à passer par là car il s’agit de son resto préféré, nous sommes allés manger au Palais de l’Himalaya, un restaurant indien – décidément, nous n’avons rien consommé de très parisien ce soir-là ! Après le repas, direction la chambre. Nous avons dormi comme des enfants et réussi à nous habituer à notre nouveau fuseau horaire assez rapidement.

Bien que le week-end ait été maussade, nous avons marché énormément – au moins six heures samedi. Nous avons malgré tout été plutôt chanceux, car il se mettait à pleuvoir seulement lorsque nous nous arrêtions pour manger quelque part et que nous étions donc à l’abri. Nous ne nous sommes donc pas trop fait mouiller. Nous n’avons rien visité de particulier ; nous ne feelions pas trop musées et attraits touristiques – tous des attrape-nigauds, de toutes façons. Nous avons cependant vu de très belles choses. L’architecture parisienne est toujours intéressante à admirer.

Paris a par contre quelques défauts, que j’ai cru bon relever avec humour sur le blogue d’Urbania lundi dernier, mais plusieurs semblent malheureusement avoir trouvé mes blagues plutôt plates… La principale chose à laquelle il est difficile de s’habituer pour une gourmande comme moi, c’est la non-disponibilité de certains produits alimentaires et les heures d’ouverture assez aléatoires des restaurants – obstacles que l’on rencontre partout en Europe, pas seulement à Paris, on s’entend. Je me suis fait chicaner par des lecteurs d’Urbania qui me disaient de mauvaise foi parce que j’avais affirmé qu’on ne pouvait pas manger autre chose qu’un croissant pour déjeuner à Paris, mais j’aurais aimé qu’ils me spécifient où il fallait aller manger alors dimanche midi, car notre expérience ne fut pas du tout concluante ! Après avoir cherché pendant au moins une heure trente un endroit où bouffer autre chose qu’un steak frites ou une tartine – c’était littéralement l’un ou l’autre, je vous jure – nous nous sommes finalement ramassés dans un bistrot beaucoup trop cherrant du premier arrondissement. J’ai dû laisser la moitié de ma salade aux crevettes et au saumon fumé dans mon assiette, car son manque de fraîcheur me donnait mal au cœur. Enfin, je rendrai à Nicolas Sarkozy ce qui revient à Nicolas Sarkozy en admettant que nous avions par contre très bien mangé le soir d’avant, dans un petit restaurant de la rue des Dames. Le tartare et le carpaccio étaient délicieux.

Nous avons finalement pris le train dimanche en début de soirée, pour notre destination (quasi) finale : Bologne. Nous avions réservé une couchette pour être plus confortables et réussir à dormir un peu, afin d’arriver frais et dispos, mais nous devions être trop excités, nous ne sommes pas parvenus à fermer l’œil de la nuit. Nous sommes arrivés à Bologne avec une heure de retard – histoire de nous faire prendre notre mal en patience encore plus.  Les parents de F. nous attendaient à la gare, tout sourire. Cela faisait près d’un an qu’ils n’avaient pas vu leur fils – et sa douce moitié, mais bon, je ne m’accorderai pas trop d’importance !

Pour la suite des choses, cela devra attendre à un prochain billet, je le crains, puisque celui-ci est déjà suffisamment long. Je vous reviens donc dans quelques jours avec les détails concernant notre première semaine à Carpi. D’ici là, vous pourrez aller vous rincer l’œil en regardant les albums photos que j’ai créés et dont les liens sont juste ici, en haut à gauche.


P.S. Désolée pour les fautes, pas trop eu le temps de me relire...

jeudi 14 juillet 2011

Jour de révolution

Nous sommes présentement à l’Aéroport international Jean-Lesage de Québec, dans l’attente de notre vol pour Paris. C’est la première fois que je prends l’avion à partir d’ici et je crois que dorénavant, je vais toujours m’arranger pour me trouver des vols en partance de Québec. En vingt minutes, nous avons fait l’enregistrement de nos bagages et passé le point de contrôle – le plus long aura finalement été de nous rendre jusqu’ici en voiture ! Rien à voir avec les files d’attente que j’ai déjà connues à Montréal-Trudeau…

Par contre, comme tout s’est fait très rapidement, nous avons beaucoup de temps à tuer ! Nous sommes allés « magasiner » au Duty-Free-où-tout-coûte-plus-cher-à-la-base-alors-ça-ne-paraît-pas-vraiment-qu’il-n’y-a-pas-de-taxes, à la recherche de produits de beauté pas trop dispendieux. Malheureusement, nous n’avons rien trouvé d’intéressant pour remplacer les crèmes et les savons que nous avons dû laisser derrière parce que nos bagages étaient trop lourds.

Notre journée d’aujourd’hui s’est résumée à essayer de faire rentrer nos vêtements et nos bébelles dans nos valises. En fait, nous ne manquions pas d’espace, mais bien de « kilos ». Nous ne voulions pas dépasser la limite permise et ainsi payer des frais supplémentaires de 15$ par kilo, déjà que nous avions acheté 10 kilos supplémentaires… Sérieusement, une vie, ça pèse lourd ; 45 kilos au total, ce n’est vraiment pas tant que ça quand tu déménages. Le plus difficile est de répartir ce poids convenablement. Un vrai casse-tête. Dix dans un sac à dos, vingt-cinq dans une valise, dix encore dans un bagage à main, et une sacoche pour les cochonneries qui restent. That’s it. C’est à ça que se résume mon existence maintenant. (En fait, pour les bagages enregistrés, j’ai triché : la balance du comptoir d’embarquement affichait 35,9 kg – 100 grammes de plus et je payais un surplus ! Merci Madame Air Transat pour votre compréhension.)

Ce matin, avant de perdre des heures à tenter vainement de caser notre vie dans de petites boîtes, F. et moi avons quand même fait d’autres activités, histoire de profiter de Québec une dernière fois. Nous nous sommes levés à 5 heures pour aller courir sur le bord du fleuve – notre but étant d’être le plus fatigués possible une fois rendus dans l’avion, afin de nous endormir sans trop de peine. La lumière était magnifique. Il n’y avait personne sur la piste cyclable que nous avons empruntée, mis à part quelques vieillards hyperactifs qui n’arrivent plus à dormir une fois le soleil levé. Le vent était bon. J’adore l’odeur des berges du Saint-Laurent. Ça me rappelle mon enfance, quand, avec ma famille, nous allions passé quelques jours dans un chalet qu’une amie de ma mère nous prêtait, à Berthier-sur-Mer. Pourquoi je parle de tout ça au juste ? Je ne sais plus trop… Ce départ me rend nostalgique de toutes sortes de choses. De vieux souvenirs que je n’avais pas revus depuis longtemps. L’enfance souvent remonte lorsque nous tâchons de nous en éloigner, de devenir des adultes, de grandes personnes libres et épanouies.

Voilà. Vous savez tout de ma journée – ma dernière en sol québécois. Je reviendrai, bien sûr, mais j’ignore quand. Et c’est bien ça le plus beau, dans toute cette affaire.

Au revoir mes amis et… bonne fête à tous ceux parmi vous qui sont Français ! Je dirai salut à votre belle capitale de votre part, promis. 

jeudi 7 juillet 2011

Sept dodos


Nous partons pour l’Italie dans exactement une semaine. L’excitation commence à être palpable, autant chez moi que chez mon tendre époux. Le voyage que nous nous apprêtons à faire sera de nature très différente pour chacun de nous : pour F., il s’agit d’un véritable retour aux sources, après plus de 10 ans d’errance, lui qui a vécu dans plusieurs grandes villes italiennes avant d’atterrir au Canada il y a quatre ans, et pour moi, c’est un saut dans le vide, rien de moins.

Aucun emploi ne m’attend là-bas. Je ne connais personne, mis à part mes suoceri (beaux-parents) et quelques amis de mon copain, que j’ai rencontrés l’an dernier lorsque nous avons passé trois semaines dans les environs de Bologna. J’ai peu discuté avec eux, puisque mon italien était alors très rudimentaire – il l’est toujours, d’ailleurs. J’ai pris deux cours à l’université et F. me parle parfois italien, mais pas aussi souvent qu’il le faudrait. Nous nous sommes rencontrés en français, et cette langue est demeurée la langue officielle du couple.

Mon objectif principal avec ce voyage est justement celui-ci : parfaire mon italien. Pour le reste, je me laisserai porter par la vague. J’espère évidemment faire avancer mes différents projets d’écriture (avec l’aide financière du gouvernement canadien ? Peut-être. Si seulement la réponse du Conseil des Arts pouvait finir par arriver…). Sinon, un emploi de professeure de français me plairait bien. Je ne détesterais pas travailler dans un petit resto non plus. N’y aurait-il pas meilleur moyen pour tâter le pouls de l’Italie, vivre sa culture et apprendre ses nuances qu’en servant des espresso bien noirs à tous ces natifs qui se demanderont d’où je sors cet accent bizarre ? Grazie mille signore. Che dice ?

Ce blogue deviendra mon refuge, mon échappatoire. Lorsque mon cerveau sera sur le point d’exploser, parce qu’il aura dû communiquer dans la langue de Dante toute la journée ; lorsque j’aurai le mal du pays, que mes amis et ma famille me manqueront ; lorsque j’aurai vécu des situations absurdes, que j’aurai vu des choses merveilleuses, que j’aurai tout simplement envie de partager ce que je ressens, c’est ici que je vous retrouverai. En espérant que vous serez nombreux à me lire, et que mes histoires vous permettront de voyager un peu avec moi…