lundi 17 septembre 2012

La poésie des jours de merde


J’ai passé le week-end à l’hôpital, au chevet de Béatrice, qui se remet tranquillement d’une pneumonie. Rien d’inquiétant, seulement une situation qui risque de se reproduire souvent au cours des prochains mois, car en tant que grandes prématurées, nos trois poulettes sont très fragiles aux virus et aux bactéries. F. a pris la relève hier en fin de journée et c’est maintenant mon tour de m’occuper de Léa et Alice, pendant que leur petite sœur reprend des forces auprès de son papa. Présentement, elles dorment paisiblement.

La maison est tranquille comme une vieille femme qui sait que son heure approche.

Je me risque à prendre le clavier en sachant très bien qu’à tout moment mon élan risque d’être interrompu par des pleurs, des odeurs de merde ou des cris de faim. Les moments de solitude, de détente ou de contemplation n’existent plus dans ma vie. L’écriture n’est plus possible. Lorsque j’aurais trente minutes à lui consacrer, les idées meurent.

Les mots me fuient. 

Ma réalité est trop concrète pour être décrite par de conceptuels phonèmes. Couches, caca, biberons, suces, doudou, pyjama, rot, régurgitation : comment pourrait-on faire de la poésie avec ces paroles sans images ? Pour écrire, il faut réfléchir. Or, dans le quotidien d’une jeune maman, la réflexion cède sa place au sommeil ; la philosophie, à la scatologie et le poème, aux comptines bêtes qui cherchent vainement à endormir les enfants.