vendredi 22 juillet 2011

Chacun ses priorités

Me revoici déjà pour vous raconter la suite de nos aventures. Je ne voulais pas trop perdre de temps cette fois, afin de ne rien oublier de ce qui s’est passé depuis notre arrivée à Carpi.

Lundi, première journée ici, rien à signaler. Nous nous sommes installés, avons défait nos valises et puis basta. Notre état de fatigue avancée ne nous permettait pas de faire autre chose.

Le lendemain, nous devions commencer à faire nos quelques devoirs administratifs, afin de régulariser ma situation ici. Il nous fallait premièrement aller chercher une copie de notre certificat de mariage traduit en italien. Nous sommes arrivés au bureau de je ne sais plus trop quelle police – parce qu’ici, c’est les polices qui gèrent tout (la polizia di stato, la polizia municipale, la polizia stradale, etc.) –, nous avons pris un numéro et attendu notre tour… pendant 10 secondes ! Nous nous sommes présentés au comptoir où était appelé le F18, F. a expliqué à l’homme derrière la vitre ce dont nous avions besoin et 35 secondes plus tard, nous avions le papier en main. F., lui-même surpris de la rapidité de la chose s’est exclamé « Siamo a posto così ? » (« Tout est correct comme ça ? »), et l’homme de répondre « Sì, sì, siamo a posto. Arrivederci. » Non seulement cela nous avait pris moins de deux minutes obtenir le document dont nous avions besoin, mais qui plus est, il ne nous a rien coûté. Pour vous donner une idée, afin d’obtenir le même type de document au Québec, ça coûte entre 28$ et 65$ – et ça prend plusieurs jours. Bref, jusque là, tout ce qu’on m’avait dit sur la bureaucratie italienne qui était supposément un vrai labyrinthe (ou « un casino », comme ils disent ici) m’apparaissait totalement faux.

Mercredi et jeudi, il ne s’est pas passé grand-chose. Nous avons fait quelques courses, afin de nous procurer quelques petits produits de base que nous avions dû laisser derrière nous au Canada. J’entrerai ici dans des détails plutôt intimes, mais bon, à quoi bon jouer les prudes, puisque je crois que l’anecdote en vaut la peine !

Nous avons entre autres choses laissé au Québec une bouteille de lubrifiant – et tous nos jouets sexuels, oui, oui, Nico, je t’entends faire la blague jusqu’ici. Rien de très excitant en fait, juste un petit gel tout inoffensif à base d’eau. Pas de saveur de fraise ou d’effet de chaleur bizarre. Le classique K.Y. que plusieurs utilisent, quoi. Nous nous étions dit que ça serait le genre de choses très facile à racheter, au même titre que la pâte à dents. Erreur.

Premièrement, il faut savoir qu’ici, les pharmacies style Jean-Coutu, ça n’existe pas. Pour acheter des cosmétiques, il faut aller dans une profumeria, pour les produits naturels, dans une erboristeria, pour les médicaments, dans une farmacia et pour toutes les autres cochonneries qu’on vend chez Jean-Cout’, eh bien, il y a les tabaccherie, les supermercati, et que sais-je encore. Tout ça pour dire qu’il faut d’abord savoir où se garocher pour trouver ce qu’on cherche. Enfin, la farmacia nous semblait l’endroit tout indiqué pour trouver du bon vieux K.Y.

Autre chose qu’il faut savoir : ici, dans les farmacie, très peu de produits se trouvent sur les tablettes en vente libre ; il faut très souvent demander au commis derrière le comptoir qu’il nous donne ce qu’on veut. On a donc demandé à la gentille demoiselle à la caisse si elle avait du lubrifiant. Elle n’avait pas trop l’air de comprendre de quoi on parlait. F. lui a expliqué, en lui épargnant les détails. Un éclair de compréhension subite a traversé ses yeux. Puis, elle a dit que malheureusement, elle n’en avait pas. Comme toutes les farmacie sont reliées entre elles par le même système informatique, elle a par contre pu nous dire qu’il y en avait dans l’inventaire d’une farmacia de Modena (qui se trouve à plus ou moins 20 minutes de voiture). Elle a ensuite cherché dans ses tiroirs, en quête d’un produit équivalent qui pourrait correspondre à nos besoins, en vain. Elle a bien essayé de nous vendre un lubrifiant qui venait sous forme de sachet, à plus de treize euros l’emballage d’une vingtaine de sachets, mais nous avons dit non merci. Il allait falloir faire 20 minutes de voiture pour avoir notre maudit lubrifiant.

Nous devions aller à Modena pour d’autres raisons, alors nous avons effectué un léger détour par la fameuse farmacia San Faustino pour acheter le gel magique. Encore une fois, F. a dû expliquer au pharmacien ce qu’était du gel lubrifiant. Même éclair de compréhension subite dans le regard. Il ne lui restait plus qu’une seule bouteille. Onze euros. Cher, mais on l’a prise. On n’allait pas commencer à faire le tour de l’Italie pour trouver de l’os#$%?& de lubrifiant à un prix raisonnable. En résumé, à tous ceux qui avaient l’intention de m’envoyer un cadeau de fête ou un cadeau de Noël par la poste : vous détenez là une très belle idée cadeau.

Vraiment, on n’a pas compris en quoi c’est si extraordinaire de vouloir acheter du foutu lubrifiant ! Soit que les Italiennes sont génétiquement dotées d’une lubrification naturelle extra efficace, soit qu’elles ne font pas l’amour très souvent. Et les gais eux – ainsi que tous ceux qui aiment bien faire la chose par la porte d’en arrière –, bordel, ils font quoi ? Ils utilisent de l’huile d’olive extra vierge pressée à froid ? Tiens, je pense que je viens de comprendre le sens des mots « extra vierge » sur la bouteille d’huile…

***

À lire au cours des prochains jours : la fois où je suis allée faire faire mon permis de séjour à la polizia di stato. Émotions garanties ! D’ici là, n’oubliez pas de répondre à mon nouveau petit sondage et d’aller voir les nouvelles photos que j’ai importées, soit celles prises hier soir lors d’un souper chez Alberto, un ami de F., en compagnie entre autres du sosie italien de Sean Penn – qui n’est malheureusement pas présent sur les photos ; j’ai étrangement préféré photographier du salami et des champs de vignes. Chacun ses priorités.

***

AJOUT: F. a les priorités à la bonne place davantage que moi: lui a pris une photo d'Andrea, alias Sean Penn. Fiouh!

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