lundi 30 janvier 2012

Les étoiles


Mardi dernier, pour célébrer l’anniversaire de mon beau-père, nous sommes allés au restaurant – devinez quel type de cuisine nous avons mangé ? Italienne traditionnelle, bravo ! Vous gagnez une belle cuisse de prosciutto ! Je n’avais pas beaucoup d’appétit en arrivant là-bas (je devais avoir un bébé sur l’estomac, littéralement), mais j’étais tout de même heureuse de partager ce beau moment avec famille et amis. Nous nous sommes attablés, avons commandé et fait un premier brindisi (porter un toast).

Depuis le début du mois de novembre, je suis congelée à cause de cette humidité qui pénètre les os et qui refuse de nous quitter, or, dans ce restaurant, il faisait chaud. Très chaud. Le chauffage provenait du plancher, nous sentions donc la chaleur entrer en nous par nos orteils et monter tout le long de notre corps jusqu’à nos joues, qui sont rapidement devenues rouges sauce tomate italienne. En d’autres circonstances, j’aurais peut-être apprécié cette vague de chaleur réconfortante, mais en raison de mon état, disons qu’elle n’eut pas d’effets très bénéfiques.

Après avoir mangé une délicieuse entrée de fleurs de zucchini farcies au ricotta, j’ai commencé à me sentir plus ou moins bien. Je n’arrivais pas à trouver de position confortable et gigotais constamment sur ma chaise. L’air semblait avoir de la difficulté à se rendre jusqu’à mes poumons, mon visage était en feu et je commençais à avoir mal au cœur. J’eus à peine le temps de dire à F. que je devais sortir prendre l’air que déjà j’étais dehors, en t-shirt, à essayer de faire redescendre ma température corporelle. La tête me tournait comme si j’avais bu deux bouteilles de vin à moi toute seule. Je dus m’accroupir un instant contre un muret de béton car j’avais peur de m’évanouir. Je suppliais F. dans ma tête pour qu’il vienne me rejoindre, cependant, il n’arrivait pas. Il n’avait pas compris que je ne me sentais pas bien, il croyait que j’étais simplement allée aux toilettes.

Après quelques minutes, j’ai fini par reprendre mes esprits. J’ai rejoint tout le monde à table. Les plats principaux venaient tout juste d’arriver. Je n’avais plus du tout envie de manger des côtes d’agneau et des pommes de terre au four, mais je pris tout de même quelques bouchées, puisqu’il paraît que l’appétit vient en mangeant. Ce n’est pas toujours vrai. Dans ce cas, ce sont plutôt les étoiles qui sont venues. La sensation d’être sur le point de m’évanouir reprit de plus belle, j’étais blanche comme un fantôme à la guimauve, tout valsait autour de moi, je ne comprenais plus où j’étais. Ma belle-mère m’incitait à me coucher et à relever mes jambes, mais j’avais de la difficulté à réfléchir aux mouvements que je devais accomplir pour réussir un tel exploit.

Notre voisin de table est intervenu. Sono medico. Il y avait un médecin dans la salle, soulagement. Je ne voyais pas son visage. J’entendais seulement sa voix en sourdine. On aurait dit que j’avais de la ouate dans les oreilles. Le monde disparaissait tranquillement autour de moi. Le docteur ainsi que F. sont finalement parvenus à me faire étendre sur la banquette et à me relever les pieds. Lentement, le sang s’est remis à circuler et à pouvoir atteindre mon cerveau. Tout ce liquide rouge qui affluait soudainement jusqu’à ma tête créa une pression incroyable, j’étais certaine qu’elle allait exploser. Mon nouveau médecin de famille (tout de même, sans le savoir, il traitait 4 personnes du même coup le cher homme) tenait mon poignet. Vous êtes en tachycardie et votre pression systolique est un peu élevée. Restez comme ça quelques minutes, puis, relevez-vous tranquillement quand vous sentirez que ça ira mieux. Il me prodigua d’autres conseils, que j’écoutais à moitié car j’arrivais à peine à me rappeler comment je m’appelais et pourquoi tous ces gens me parlaient en italien. Il ne faut pas manger de gros repas. Il faut manger peu et souvent. Sinon, vous bloquez le passage, votre diaphragme ne peut plus bien fonctionner et votre pression va chuter drastiquement. Mais j’ai mangé une toute petite entrée et trois bouchées d’agneau monsieur, ce n’est pas ça que j’appelle un faste repas! Devrai-je me contenter de graines de tournesol et d’eau minérale pour le restant de ma grossesse ?!

Mon malaise avait provoqué une petite commotion dans le restaurant. Ma belle-mère expliquait à qui voulait bien l’entendre que j’étais enceinte de triplés, qu’il n’y avait probablement rien de grave, seulement une petite chute de pression. Des triplés ?! Certains visages durent devenir aussi blêmes que le mien. Tout le monde nous regardait et le propriétaire se demandait s’il ne devait pas appeler l’ambulance. Cela ne fut pas nécessaire, mon médecin de famille improvisé avait su prendre bien soin de moi.

Une fois que je repris ma position assise et que la vie fut revenue sur mon visage, le médecin se leva à nouveau de son siège et s’approcha de moi. Lei diventa grossa. Mot pour mot, cela signifie Vous devenez grosse. Au présent. L’homme voulait dire qu’avec trois bébés, j’allais devenir grosse dans un avenir plutôt rapproché, mais au lieu de parler au futur, il s’exprimait comme si cela était en train de se produire à l’instant même. Je rigolai. Lui pas. Il répéta au moins trois fois Lei diventa grossa. Il ne disait pas cela pour m’insulter, seulement pour me prévenir des dangers éventuels. Il serait vraiment important que vous commenciez des exercices de respiration dès maintenant et que vous fassiez du sport. C’est primordial. Parce que lei diventa grossa. OK, merci, c’est beau, j’ai compris. Je vais avoir l’air d’une baleine dans pas long et les baleines ont plus de chance de survie lorsqu’elles savent comment inspirer et expirer convenablement.

Plus tard, F. m’a expliqué que le médecin s’était exprimé ainsi, en utilisant le présent plutôt que le futur, parce qu’il était romain et que les gens de Rome ont cette particularité de langage. Pour ma part, je dois avouer que je n’avais pas reconnu son accent romain, tandis que j’avais des étoiles qui me poussaient autour de la tête et que mon corps cherchait une parcelle de sol où s’effondrer.

Avant de quitter le restaurant, nous nous sommes arrêtés à la table du docteur pour le remercier d’avoir pris soin de moi. Mon beau-père lui serra la main en lui disant et j’ai l’honneur de m’adresser au docteur… ? Ce dernier répondit Professore. Sono il professore Chose Binouche. Scusez pardon. Mon médecin de famille n’était pas seulement docteur, il était PROFESSEUR, donc une coche supérieure aux vulgaires détenteurs d’un doctorat en médecine. Une fois à l’extérieur, Lorena, une amie de la famille qui nous accompagnait pour souper et qui n’a pas la langue dans sa poche, a lancé Professore. No ma, vai a cagare! (Professeur, non mais, va donc chier !)

S’il y avait effectivement quelque chose d’hautain dans la manière dont cet homme s’était présenté à nous (ce qui a enlevé beaucoup de crédibilité à sa gentillesse), il faut savoir que c’est une réaction plutôt normale venant de la part d’un dottore italiano. En italien, les titres sont très importants. Tous les gens qui possèdent un doctorat, peu importe en quoi, se font appeler dottore et généralement, c’est même inscrit sur leur boîte aux lettres ou sur la porte de leur maison – Sachez qu’ici réside le Dottore Ti-Coune Spaghetti. Les Italiens ne sont pas seulement respectueux vis-à-vis des personnes portant un titre comme celui de docteur, ils sont carrément déférents. Personnellement, ça me fait rigoler. Pourtant, je suis quelqu’un de très poli qui vouvoie les gens qu’elle ne connaît pas. Seulement, je ne suis pas hypocrite. Je ne fais pas semblant que ça m’impressionne que quelqu’un ait fait des études en médecine, un doctorat en botanique ou un autre en théologie indienne. Félicitations mon pet, tes parents avaient beaucoup d’argent et ont pu t’envoyer dans une bonne université lorsque tu étais jeune, devrais-je te lécher les fesses pour autant ? La meilleure, c’est la manière dont les étudiants d’une université, justement, doivent s’adresser au recteur ; ce dernier n’est pas seulement Monsieur le recteur, non, non : il est il Magnifico Rettore (le Magnifique recteur). Ce n’est pas une blague. Laissez-moi rire quand même.

Quand mes enfants grandiront, un jour, je leur raconterai peut-être cette histoire. Je leur dirai que lorsqu’ils étaient à l’intérieur de mon ventre, ils me donnaient parfois un peu de fil à retordre et qu’un certain soir, alors que je ne me sentais pas bien, un gentil Professore a pris soin de moi. Un professeur ? Tu veux dire une maîtresse d’école, comme madame Solange ? Oui, c’est ça, ma chouette. Maman a été sauvée par une maîtresse d’école. 

lundi 23 janvier 2012

Ce qui manquera, ce qui se fera vite oublier


Beaucoup plus rapidement que prévu, voilà que l’heure des bilans est arrivée. À quelques jours de notre retour au Québec prématuré, je ne peux m’empêcher de dresser quelques listes mentales et de m’amuser à répertorier ce qui va me manquer de l’Italie et ce dont, au contraire, je ne m’ennuierai pas du tout.

Les petites joies dont je serai nostalgique

·    La tradition. La famille de F. en est une charmante, constituée de très bonnes personnes, généreuses et accueillantes. Ils n’ont rien à voir avec les idées que nous nous faisons généralement de la famiglia italiana, qui réfèrent principalement aux familles du Sud, souvent beaucoup plus nombreuses et « exubérantes ». Ils sont plutôt de très bons représentants de la culture italienne du Nord, fiers porteurs de traditions qui malheureusement risquent de se perdre au cours des prochaines décennies, faute d’avoir des générations prêtes à prendre la relève.

Ce week-end, nous avons fait un repas familial avec les tantes, les cousins, les cousines, les grands-parents. Nous étions 24 autour de la table. Cela faisait des années qu’ils n’étaient pas parvenus à réunir autant de gens pour célébrer. Le zio (oncle) Remo a fait un exquis bouillon de capon que nous avons savouré avec les passatelli que la zia (tante) Giovanna avait préparés. Comme plat principal, nous avons dégusté le fameux canard à l’orange de cette dernière (une recette absolument pas italienne, mais qui demeure mythique dans la famille Malavasi). La veille, avec F. et Remo, nous étions allés chez Giovanna pour apprendre à cuisiner le canard à l’orange, afin que la tradition (non conventionnelle) de ce plat ne se perde pas avec les années. Je suis désormais mandatée pour faire vivre la tradition à l’extérieur des frontières. Nous avons même prévu organiser un repas de famille virtuel l’an prochain, en prévision duquel nous cuisinerons tous un canard, chacun de son côté de l’océan…

·     Les apéros. Quoi de mieux que de prendre un verre entre amis le vendredi soir, suivi d’une bonne pizza ou d’un gelato ? La formule des apéritifs italiens est décidément gagnante : dans la plupart des bars, avec toutes les consommations, on a droit à un petit buffet froid à volonté. Mortadelle, prosciutto (vous vous rappelez comment prononcer ce mot, n’est-ce pas ?!), parmesan arrosé de vinaigre balsamique traditionnel, mini panini, olives, croustilles, salsa, crudités, etc., le tout, complètement gratis. C’est un peu la version italienne des fameux tapas espagnols. Je prédis un grand avenir à quiconque osera ouvrir un bar proposant le même concept au Québec…
·      La campagne – avec ses vignes, ses vieilles maisons de pierres à moitié détruites, ses champs jaunes et verts. À plusieurs reprises, F. et moi sommes allés nous perdre en voiture ou en bicyclette dans la campagne de l’Émilie-Romagne, simplement pour nous imprégner du paysage, respirer les relents de parmesan et de Lambrusco. La beauté de la campagne italienne, c’est qu’elle est toujours proche ! Comme le territoire est plutôt restreint et la densité de la population très élevée, tout ici est plus rapproché. Les centres-villes côtoient les vignobles, les tracteurs partagent la route avec les voitures. Suffit souvent de marcher 10 ou 15 minutes pour se sentir au beau milieu de nulle part. Pourtant, la vie n’est jamais bien loin.

·      Le vin (bon et pas cher). Même si depuis novembre je ne bois pratiquement plus en raison de ma grossesse et que je trouve affreux d’être soumise quotidiennement à la tentation sans jamais pouvoir boire plus d’un demi verre ! N’empêche, les bonnes bouteilles de Sangiovese, de Chianti, de Montepulciano, de Traminer et de Franciacorta disponibles pour seulement deux, trois, cinq ou maximum dix euros, bon sens, ça va être difficile de s’en passer !

·      La possibilité de voyager partout en Europe pour presque rien. Finalement, en raison des récents événements, nous n’aurons pas pu profiter beaucoup de notre présence en Italie pour visiter d’autres pays européens et cela représente probablement ma seule vraie déception – pas un regret, juste un petit pincement au cœur, car de toute façon, une autre grande aventure m’attend.

Je rêve du jour où nos gouvernements comprendront la nécessité d’investir dans les moyens de transport autres que l’automobile afin de favoriser la mobilité des citoyens à l’intérieur de leur propre pays et leur connectivité avec le reste du monde. Notre réseau ferroviaire fait affreusement pitié, et c’est sans parler de notre système de transport aérien. Est-ce normal que cela coûte plus cher de faire Montréal-Vancouver que Montréal-Paris ? Non ! Le jour où le Canada sera connecté à lui-même grâce à un système de transport diversifié, écologiquement responsable et innovateur, peut-être que je serai fière de dire que j’appartiens à ce pays. En attendant, je vais continuer de dire que je suis Québécoise avant d’affirmer que je suis Canadienne. Et quand j’aurai ma citoyenneté italienne, dans moins de deux ans, probablement dirai-je que je suis Italienne avant de révéler que je viens du pays de Stephen Harper.


Les désagréments que je suis heureuse de laisser derrière moi

·      La tradition ! Autant je suis charmée par le désir des Italiens de préserver leurs traditions, de les garder bien vivantes, autant leur fermeture d’esprit par rapport aux traditions d’autrui peut m’agacer par moments. Comme je l’ai souvent répété, en Italie, il est impossible de manger autre chose que de l’italien traditionnel dans les restaurants. Il existe bien quelques restaurants chinois, japonais et brésiliens, entre autres, mais ils ne proposent que de pâles imitations de la cuisine traditionnelle de ces cultures, généralement revisitées de manière à plaire au palais capricieux des Italiens. On devrait donc plutôt parler de restos italiens d’influence chinoise, japonaise et brésilienne. Les Italiens ne semblent pas encore prêts à ouvrir leurs horizons, à tenter la nouveauté, à laisser l’inconnu les surprendre, et en tant que personne qui a vécu plus de huit ans à Montréal, une des villes au monde où l’intégration des autres cultures est la plus réussie, je ne peux que me désoler de ce manque de curiosité.

·      Le mémérage. Les Italiens sont de vraies commères ! La plupart de leurs conversations tiennent en fait davantage du potinage. Savais-tu qu’un tel, le cousin du voisin de ma sœur, tu sais, le fils de celui qui a eu la boucherie sur telle rue, pendant des années, oui, c’est ça, lui, le frère de l’ancien collègue de ta meilleure amie, eh bien, savais-tu qu’il a eu une grippe la semaine passée ?! J’exagère, mais à peine. Les Italiens sont friands de détails croustillants au sujet de TOUT LE MONDE. La mentalité de village est la norme. Je veux bien croire que j’habite dans une petite ville, mais tout de même, 70 000 habitants, ça commence à faire du monde et il me semble qu’on pourrait se trouver d’autres passe-temps que celui de commenter les vêtements, les ruptures, les maladies, les pertes d’emploi, les accidents, les rénovations de toutes les maudites personnes qui vivent dans notre communauté. Chez nous aussi cette mentalité existe évidemment, or, honnêtement, je ne l’ai jamais perçue de manière aussi vive. Moi aussi j’aime potiner, savoir ce qui est arrivé à certaines personnes dont j’ai perdu la trace, mais je ne passe pas mes soirées à enquêter sur les faits et gestes de tous les gens à qui j’ai un jour été liée de près ou de loin. Mes amis non plus ne font pas cela. Ni ma famille. De quoi on parle, je ne sais pas, sauf qu’il me semble que nos sujets sont un peu plus variés et… pertinents.

·      Le brouillard. Le brouillard est typique de l’Émilie-Romagne, la région où j’ai habité au cours des derniers mois. L’Italie est en majeure partie constituée de montagnes et l’Émilie-Romagne est une des rares plaines du pays. Son terrain plat est cependant ceinturé par les chaînes de montagnes de la Toscane, au Sud, et son climat est grandement influencé par la présence des Alpes, au Nord, dans le Piémont, en Lombardie et dans le Trentin–Haut-Adige. Tous ces colosses montagneux empêchent l’humidité de circuler, laquelle s’accumule donc au-dessus des villes et des champs émiliens. Cette année en fut une particulièrement chargée en brouillard, en raison de l’été qui fut exceptionnellement chaud. Vers la fin octobre, la chaleur accumulée dans le sol s’est mise à s’évaporer et à créer ces épais bancs de brouillard, qui refusaient de s’évanouir parfois pendant des semaines entières. Depuis, nous avons eu droit à quelques belles journées d’ensoleillement, cependant, dès que la température se réchauffe un peu et qu’une chaleur nouvelle s’accumule dans le sol, le soir venu, c’est le retour des nuages de brume. Impossible de voir à 20 mètres. Je préfère officiellement les tempêtes de neige.

·      La crise. J’étais au courant en m’en venant ici que je déménageais dans un pays qui ne se portait pas très bien économiquement parlant et dont l’ambiance générale n’était pas vraiment à la fête, or, je ne pensais sincèrement pas que cela se ressentirait autant. Sur les visages, dans les conversations (celles qui portent sur autre chose que la nouvelle paire de bobette du petit frère de la professeure de français du fils de la voisine), dans l’air, partout, traîne cette inquiétude. Les Italiens ont peur. Pour eux, l’avenir n’est plus une possibilité d’épanouissement mais bien un grand trou noir où ils risquent tous de s’enfoncer. Les jeunes n’ont pas d’emploi, ou quand ils en ont un, il est sous-payé, les vieux pas encore assez vieux pour être à la retraite ont peur de ne jamais pouvoir arrêter de travailler, le prix des loyers monte, ainsi que celui de tous les produits de base et, pendant ce temps, tout ce qu’on trouve à faire pour régler les problèmes de la population, c’est de chasser Berlusconi pour le remplacer par un président encore plus drastique que lui. Le Canada n’est pas à l’abris d’une récession, sa situation économique et politique est plutôt précaire depuis quelques années, toutefois, de l’espoir, il en subsiste. Et c’est ce que j’ai envie de donner à mes enfants : un pays où il est encore permis de rêver un minimum. En espérant que la contrée d’où vient leur père et où vit une grande partie de leur famille finira par remonter la pente. 

dimanche 15 janvier 2012

Petite leçon d'italien 101


Mon italien est loin d’être parfait – je ne parle pas de F., bien sûr, mais de la langue que j’ai appris à parler en venant habiter ici. Cependant, je crois pouvoir dire que je me débrouille dorénavant plutôt bien dans la langue de Dante et que j’en maîtrise les bases de manière acceptable. Je ne me sentirais aucunement prête à enseigner l’italien devant une classe complète de jeunes collégiens ou d’universitaires désireux d’obtenir des crédits faciles pour terminer leur bac, toutefois, je crois être en mesure de donner deux ou trois trucs à ceux et celles qui aimeraient apprendre à communiquer avec les mots de Ricardo – oups, c’est vrai, j’oubliais, Ricardo est un Larrivée, il n’a rien de très, très napolitain.

Alors, voici mes quelques conseils pour tous ceux qui aimeraient bien paraître la prochaine fois qu’ils vont aller manger au Pacini ou qu’ils vont courtiser une fille dans un bar louche de Saint-Léonard :

1-    Pacini, ça ne veut rien dire. Un vague nom de famille peut-être, mais très peu usité en Italie. Ne vous enfargez donc pas la langue en essayant d’impressionner votre douce parce que vous savez supposément d’où vient ce nom exotique.
2-    En italien, les lettres « sci » font le son « chie » – un son doux, pas de coup de langue. Donc, prosciutto se prononce « pro-chou-to » et non « pros-cuit-to ». (En passant, prosciutto, ça veut dire « jambon ». Si vous voulez savourer cette délicieuse charcuterie crue, si bonne avec du cantaloup, vous devriez exiger du prosciutto crudo, autrement, on risque de vous apporter du prosciutto cotto, c’est-à-dire du jambon cuit ben ordinaire.) Et, pendant qu’on y est, on va mettre les choses au clair pour bruschetta : on dit « brus-ket-ta » et non « brou-chet-ta », parce que « sch » mis ensemble font le son « sk ». Skier en italien, ça s’écrit « sciare ». Et ça se prononce « chiare ». Vous pouvez rire.
3-    Le petit mot da peut vouloir dire plein de choses : de, chez, depuis, à – entre autres. Quand vous dites « Ce soir, on va manger une vraie bonne pizza chez Da Giovanni », c’est comme si vous disiez « Ce soir, on va manger une vraie bonne pizza chez chez Giovanni. » Si vous ne voulez pas que votre flamme croie que vous bégayez, dites simplement « Ce soir, on va manger une vraie bonne pizza Da Giovanni. » En fait, non. Si votre future conquête a véritablement des racines italiennes, ne l’emmenez pas Da Giovanni pour manger de la pizza, vous allez perdre tous vos points.
4-   Si malgré tout vous emmenez votre future épouse Da Giovanni et que vous commandez une pizza avec dei peperoni, en pensant que vous aurez droit à une belle pointe de pepperoni fromage bien grasse, vous allez être déçu en maudit ; peperoni, ça veut dire « poivrons ». Remarquez, future épouse sera sûrement charmée de voir que vous faites attention à votre santé et que vous aimez les légumes.
5-    Ce n’est pas vrai qu’il suffit de rajouter des « a », des « o » ou des « i » à la fin des mots pour les italianiser, vous vous en doutez bien. De manière (très) générale, en italien, les mots féminins se terminent par « a » au singulier et par « e » au pluriel, alors que les mots masculins finissent par « o » au singulier et par « i » au pluriel. Il faudrait donc dire « J’ai bouffé deux pizze hier pour souper, je ne me sens pas très bien. » Aussi, si sur le menu d’un restaurant qui se prétend italien il est écrit que vous pouvez savourer « d’excellents paninis », vous pouvez être sûr que vous avez en fait à faire à des imposteurs. Panini est déjà un mot au pluriel, inutile de rajouter un « s » à la fin – d’autant plus que selon le Trésor de la langue française, ce mot n’a pas encore été francisé, donc il devrait s’écrire comme dans la langue originale. Si vous ne voulez qu’un seul « panini », vous devez demander un « panino ». Si ça vous gêne et que vous avez peur d’avoir l’air con, commandez donc un sandwich à la place, c’est la même estie d’affaire.
6-    Ciao!, ce n’est pas juste pour dire « au revoir » : c’est l’équivalent de notre « Salut ! » Si votre date vous dit Ciao ! tout de suite en vous voyant, ça ne veut pas signifier qu’elle ne veut déjà plus vous voir. Cela dit, quand vous vous serez tanné de lui faire la conversation, vous n’aurez qu’à lui lancer un Arrivederci – qui se prononce « arrivé-der-tchi » et qui signifie simplement « Au revoir » (« ci » signifie « nous », alors ce serait plutôt quelque chose comme « Nous nous reverrons ». Arrivederla veut dire exactement la même chose, en plus poli – le « la », c’est le « vous » italien, donc c’est un au revoir de vouvoiement.
7-    Tout comme l’anglais, l’italien est bourré de faux-amis qui peuvent vous faire passer pour un bel innocent. En voici quelques-uns :
-      Bar : un bar, c’est un endroit où l’on va pour prendre un espresso, manger un croissant, boire l’apéro à la limite, mais oubliez ça, vous ne pourrez pas y danser sur vos hits préférés de Lady Gaga.
-      Caffeteria : encore une fois, c’est un endroit où l’on boit du café (vous l’aurez compris, le café est très important dans la culture italienne), et non une immense salle où des adolescents en rut s’amusent à faire des guerres de bouffe avec la purée grise que leur a servie une antipathique et moustachue quinquagénaire.
-       Mare : il mare, c’est la mer, non pas une mare. Ai-je besoin de vous expliquer la différence de superficie entre les deux ? Disons seulement que les vacances à la mare peuvent être un peu moins agréables que celles al mare.
-       Folla : ça veut dire foule (comme dans « la foule de gens ») et non « folle ». Si vous voulez traiter future épouse de folle, utilisez plutôt les termes pazza ou matta. Attendez-vous à une claque en retour par contre.
-       Parole : petit exercice : si ce mot finit par un « e », ça veut donc dire que… ? Exactement : que c’est un mot féminin pluriel. Le singulier est « parola » et veut dire « mot ». Cela peut aussi vouloir dire « parole », dans certain contexte, mais parole, n’oubliez pas, se prononce « pa-ro-lé ». Comme Dalida dans sa chanson. Vous avez tout compris. Bons élèves.
-       Sentire : les Italiens utilisent ce mot pour référer à tous les cinq sens ; ils « sentent » un gâteau et ne le goûtent pas, ils « sentent » le chant des oiseaux, ils ne l’entendent pas, etc. Si future épouse vous dit « Est-ce que tu veux sentire mon cœur », ça ne veut pas dire qu’elle veut que vous renifliez sa poitrine. 
-      Camera : ce mot peut vouloir désigner une « caméra », mais aussi une chambre. Donc si vous invitez votre date à venir voir votre camera, en ayant en tête de lui montrer votre toute nouvelle Canon Rebel full zoom pis toute, il se pourrait qu’elle croie plutôt que vous vouliez lui montrer votre chambre à coucher. Gros cochon.
-      Roba : ne veut pas dire « robe », mais plutôt « chose ». Comme dans « vous avez pas de vocabulaire alors vous utilisez toujours les mots affaires, trucs et choses pour décrire les affaires qui vous arrivent ou les choses que vous ressentez. » Par conséquent, c’est un compliment plutôt raté que de dire à future épouse « Elle te fait bien ta nouvelle roba. »
-    Casino : désigne bel et bien le casino, l’endroit où l’on peut jouer à des jeux de hasard, lorsqu’il est écrit avec un accent sur le « o » - casinò. Or, lorsque l’accent tonique est sur le « i » on parle d’une tout autre affaire… Dans le langage courant, on utilise surtout casino-sans-l’accent-sur-le-o, qui veut dire « bordel ». « È un vero casino » signifie « C’est un vrai bordel ». Si vous dites à votre blonde tout récemment conquise « Chéri, j’m’en vais au casino pour relaxer », il se pourrait qu’elle ne soit plus là lorsque vous retournerez à la maison.
-       Autista : chauffeur, comme dans « chauffeur de taxi ». Si, pour défendre votre douce moitié, vous insultez l’homme qui lui a pogné une fesse de manière tout à fait déplacée en le traitant de « maudit autista », il risque de rire de vous – et douce moitié, de vous quitter pour aller avec ce bellâtre macho, certes, mais pas du tout autiste.

8-    En tout dernier lieu, je vous en conjure, ne vous mettez pas à chanter Nel blu dipinto di blu, de Domenico Modugno, pour impressionner qui que ce soit.


Penso che un sogno così      Je pense qu’un rêve comme celui-là
Non ritorni mai più               Ne reviendra plus jamais
Mi dipengevo le mani          Je me peignais les mains
E la faccia di blu                   Et la face en bleu
Poi d’improvviso venivo       Puis à l’improviste j’étais
Dal vento rapito                    Enlevé par le vent
E incominciavo a volare       Et je commençais à voler
Nel cielo infinito                   Dans le ciel infini


Vous aurez juste l’air d’un maudit fou. Ou d’un drogué.

vendredi 13 janvier 2012

Les cœurs déportés


Pour la plupart des femmes, le premier trimestre d’une grossesse est particulièrement épuisant. Tous les changements qui s’effectuent dans notre corps provoquent des sensations étranges, des réactions nouvelles, une fatigue inédite. Nous perdons l’appétit, nous avons des nausées, ce qui nous faisait envie auparavant nous dégoûte, tous les films à la télé, même les plus insipides, nous font brailler. Vivre tous ces bouleversements dans un autre pays que le sien en accentue les effets. Durant les trois derniers mois, je me suis sentie doublement exilée. De mon pays, puis, de mon propre corps. Je me sentais moi-même devenir un pays. Un continent à la dérive. Une petite île solitaire que plus personne ne pouvait comprendre.

Maintenant que je me sens mieux, que j’ai survécu aux grandes poussées d’hormones et à cette affreuse sensation de ne plus savoir qui j’étais ni à quel lieu j’appartenais, je m’en retourne chez moi. Mon exil se transforme en retour. Or, n’est-ce pas la même chose ? Revenir à la maison après plusieurs mois d’errance ne constitue-t-il pas une autre forme de déracinement ? Alors que mes pieds commençaient à s’habituer à la texture de cette terre éloignée, ils doivent la quitter, retourner marcher sur des sols déjà vus. La vie n’est qu’une succession de déportations, de départs, de séparations, de retrouvailles. Mais ce que l’on retrouve n’est jamais exactement ce que l’on avait connu dans le passé. Retrouver les siens, retrouver son quotidien, retrouver son existence voudrait plutôt dire les voir d’un œil changé. Jamais plus le même. Les trouver à nouveau, les découvrir pour une autre première fois.  

dimanche 8 janvier 2012

Comme prévu


J’ai toujours été angoissée par l’avenir. Je suis une personne très organisée qui prend plaisir à tout planifier mais, surtout, qui a besoin de tout organiser, afin de gérer sa crainte du futur étranger. Ne pas savoir ce qui m’attendait, ignorer si les choix que je faisais auraient les conséquences souhaitées sur mon avenir, l’incertitude de posséder tout ce qu’il faut pour affronter les imprévus, tout cela m’a souvent causé des nuits d’insomnie lorsque j’étais adolescente. Maintenant, je contrôle beaucoup mieux mon angoisse et j’accepte plus facilement de me laisser porter par la vague, même si j’ignore où elle finira par m’amener. Malgré tout, réside en moi la peur de ne pas avoir le temps de réaliser tous les projets que j’ai en tête.

Dernièrement, j’ai compris que je devais me débarrasser définitivement de cette peur. Qu’il me faudrait apprendre une bonne fois pour toute à faire confiance à la vie – pas seulement faire semblant de lui faire confiance. J’avais vaguement pris cette résolution au cours des dernières semaines de 2011, or, le début de 2012 me force à en faire carrément ma devise de vie. Je ne peux plus me permettre d’être effrayée par l’inconnu. Je dois l’envisager comme un phénomène positif, une source d’étonnement et d’extase. Parce que l’inconnu est désormais au centre de ma vie. Même mon présent se conjugue dorénavant à l’inconnu.

En novembre dernier, j’ai découvert avec grande joie que j’étais enceinte. F. et moi avions décidé de commencer à essayer de procréer uniquement le mois précédent et, déjà, un petit embryon avait accepté de s’accrocher aux parois de mon abdomen. Je fus agréablement surprise de constater à quel point il pouvait être facile de donner la vie et soulagée d’apprendre par le fait même que nous ne faisions pas partie des gens qui éprouvaient des problèmes de fertilité ! Mon début de grossesse s’est bien déroulé, mis à part quelques nausées et une grande fatigue, tout ce qu’il y a de plus normal, quoi. Lors de ma première rencontre avec la gynécologue italienne (aller voir le médecin n’est pas la chose que je préfère dans la vie, et disons qu’aller voir le médecin dans une autre langue, ça ne m’aide pas à apprécier l’expérience !), j’ai pu entendre le cœur de mon poupon battre dans mon ventre et une grande émotion s’est emparée de moi. De nous. F. allait devenir papa, c’était maintenant officiel, nous avions entendu la vie battre au creux de mon corps.

Le 27 décembre, j’avais rendez-vous pour ma toute première échographie. J’avais extrêmement hâte qu’on me confirme que mon bébé se développait normalement afin de pouvoir annoncer la nouvelle officiellement à tous mes amis. À peine trente secondes après m’être couchée sur la table de l’échographiste, ma vie a chaviré.

J’ai déjà une nouvelle pour  vous : ils sont deux. Tels furent ses mots. Premier choc. Un beau choc, mais un choc tout de même. Mes sœurs étant jumelles, j’avais toujours envisagé la possibilité de moi-même un jour donner naissance à des jumeaux, mais tout de même, on n’est jamais tout à fait préparé à ce genre d’annonce. F. a pris ma main et m’a flatté les cheveux. Moi, je suis partie à rire. D’un rire nerveux et incontrôlable.

Par la suite, pendant cinq minutes qui m’ont paru interminables, l’échographiste a scruté son écran, le front plissé, la main sur le menton et le regard interrogateur. Vraisemblablement, quelque chose n’allait pas. F. a demandé ce qui clochait. Rien. Tout va bien. Seulement, je ne suis plus si sûr qu’ils sont deux. Je pense en fait qu’ils sont trois. Deuxième choc. Encore plus grand que le premier. Reprise de mon fou rire incontrôlable. Spasmes d’émotions. F. a soudainement ressenti le besoin de s’asseoir. Même l’échographiste semblait bouleversé. Des triplés naturels, qui n’ont pas été conçus à la suite de cures de fertilité ou de fécondation in vitro, c’est un événement extrêmement rare. L’homme à la chemise blanche n’en revenait pas plus que nous.

L’échographe n’était pas très puissant, mais après une demi-heure de scrutage d’abdomen, l’homme a quand même pu nous confirmer qu’il y avait présence de trois fœtus. Il était incapable de nous en dire plus, car son écran ne lui permettait pas de voir davantage de détails, c’est pourquoi il nous a pris un rendez-vous pour la semaine suivante à l’hôpital, qui possède des équipements plus précis, afin que nous puissions mieux comprendre la situation. Mieux comprendre quel genre de party se déroulait dans mon ventre.

F. et moi sommes sortis de là abasourdis. Il faisait un soleil splendide dehors. Aveuglant. Nous ne comprenions plus rien. Que venait-il de se passer ? Nous étions rentrés au consultorio en étant convaincus que ma grossesse serait des plus sereines, tout fiers d’être les futurs parents d’un joli petit bébé, et nous en sommes ressortis avec un diagnostic de grossesse multiple à haut risque.

J’ai mis deux jours à me remettre de mon traumatisme. L’adrénaline retombée, une fatigue immense s’est emparée de moi. Soudainement, je ne me sentais plus si bien. Les discours pessimistes des médecins faisaient leur petit bonhomme de chemin en moi. Risque d’accouchement prématuré. Risque accru de malformations. Risque de complications encore plus élevé si deux des bébés partagent le même placenta. Amniocentèse. Trisomie. Réduction embryonnaire. Autres belles paroles négatives. Autres beaux discours pleins de désespoir.

Nous (moi et mes trois fœtus) sommes allés passer la deuxième échographie mardi dernier. Cette fois-ci, l’image était beaucoup plus claire. J’ai pu voir mes petits chats sautiller, se donner des coups de poing et faire des grimaces, fâchés qu’on trouble leur sommeil paisible. Deux d’entre eux voyagent effectivement dans le même placenta, ce qui signifie que ce sont des jumeaux identiques. L’autre navigue en solo, dans son petit navire juste à lui. Les trois ont tous leurs morceaux. Six jambes, six bras, trente orteils et trente doigts minuscules. Leurs cœurs battent normalement et tous se développent à un rythme similaire. Pour l’instant, ils ont les mêmes proportions qu’un fœtus « standard » qui évolue seul dans le ventre de sa mère. Ce qui explique pourquoi j’ai déjà une bedaine, après à peine 13 semaines de gestation.

Au départ, F. et moi projetions de rester en Italie jusqu’à l’accouchement, initialement prévu pour la mi-juillet, et revenir au Québec environ un mois après la naissance du bébé, pour lui laisser le temps de comprendre dans quel monde il venait de débarquer et, surtout, de connaître un peu ses grands-parents italiens. Or, maintenant, nos beaux plans ne tiennent plus la route. Retourner au Québec avec trois bébés, trois sacs à couches, trois tout, plus nos immenses valises, je ne suis pas sûre que je réussirais. De plus, les bébés seront presque assurément prématurés, ils auront donc besoin de soins spéciaux et s’il y a des complications, nous serions « prisonniers » de l’Italie. Il y a pire destin que celui d’être prisonnier de l’Italie, je sais, mais F. et moi voulons vraiment faire notre vie au Québec.

Ce voyage en sol italien se voulait une expérience, une brèche dans notre destin d’adultes responsables qui un beau jour devront se trouver un vrai boulot, une vraie maison, une vraie vie. Nous savions depuis le début que ce serait temporaire, même si nous ne fermions pas complètement la porte à la possibilité de prolonger notre séjour de manière indéfinie. L’idée d’être obligée de rester ici pour des raisons hors de mon contrôle ne m’enchante pas vraiment. Je préfère donc revenir chez moi pendant qu’il en est encore temps. Et selon les médecins, c’est maintenant que ça se passe. Le plus vite nous serons de retour au Québec, le mieux ce sera.

Nous avons acheté nos billets d’avion avant-hier : nous rentrons au pays le 3 février. Mais ça, c’est si tout se passe comme nous le souhaitons. Car depuis quelques semaines, il semble que plus rien ne se déroule comme nous l’avions prévu.