lundi 26 septembre 2011

Nuit blanche et son noir


Jeudi passé, j’ai eu une petite crisette. J’avais envie de faire le bacon sur le plancher du salon. Le problème ? Je débordais d’énergie et j’étais tannée de passer la majorité de mes journées assise devant l’ordinateur, entourée des quatre mêmes murs blancs à longueur de semaine. J’avais besoin de bouger, de voir des gens. Le remède ? Une fin de semaine intensive d’activités.

Vendredi soir, c’était la Notte bianca à Carpi. Quand on sait de quoi a l’air la nuit blanche organisée à Montréal chaque année à la fin de l’hiver, on a plutôt envie de rire devant la programmation de la Notte bianca qui se déroule ici, mais bon, sur le plan des activités culturelles, une ville de 70 000 habitants ne peut pas rivaliser avec une autre de 2 millions d’âmes… Au menu de cette fameuse nuit blanche, il y avait surtout des dégustations de produits typiques, des apéros, des spéciaux sur l’alcool et des spectacles dans les bars. Aussi, les magasins du centro étaient exceptionnellement ouverts jusqu’à tard en soirée. Radio Bruno (l’équivalent de Radio Énergie dans le coin) assurait l’animation sur une des piazze et les rues étaient pleines à craquer de gens mis sur leur trente-six.

Le but de l’affaire était de célébrer la fin de l’été et d’offrir une dernière bonne raison aux citoyens de partager des moments agréables à l’extérieur, avant que l’hiver ne débarque. L’affaire, c’est qu’ici, il continue de faire entre 25 et 30 degrés tous les jours, avec un soleil ravissant et pratiquement jamais de précipitations, alors personnellement, la fin de l’été, je ne vois pas trop quand c’est censé avoir lieu ! Et pour ce qui de « l’hiver » qui approche à grands pas, en tant que Québécoise, je ne peux m’empêcher de sourire et de me dire que la saison froide que je m’apprête à affronter risque d’être une vraie blague comparé à ce que je suis habituée de vivre. En fait, je devrai avouer que j’ai l’impression que l’hiver québécois et ses caprices vont me manquer. Déjà, j’ai une certaine nostalgie de l’automne de chez nous. Ici, les arbres perdent tranquillement leurs feuilles en raison du manque de lumière, mais avant, celles-ci ne deviennent pas rouges, jaunes, orangés, etc., mais seulement vert kaki ou brunes. Je ne me plains pas des merveilleuses températures que nous avons, j’en profite au contraire à chaque instant, or, je me rends bien compte que les quatre saisons, telles que je les ai toujours connues jusqu’ici, sont profondément inscrites dans mon corps. Mes yeux, ma peau, mon sang ont appris à vivre avec les changements brusques de température, les différences marquées entre une saison et l’autre, les plus trente humidex et les moins trente facteur vent ; ici, en zone tempérée, comment dire, je me sens moins mise à l’épreuve, j’ai l’impression que tout est plus facile et en même temps, j’éprouve le sentiment de manquer de « défi ». Étrange sensation…

Après la fête de vendredi, samedi, alors que F. travaillait, je me suis payé une petite randonnée en train jusqu’à Bologna, afin de prendre un bon bain de foule et d’aller magasiner (je n’en peux plus de voir mes vêtements ! J’ai dû emporter avec moi à peine le quart de ma garde-robe, afin de ne pas excéder le poids qui m’était alloué lorsque j’ai pris l’avion, et le trois quart qui est resté au Québec me manque beaucoup !). Côté bain de foule, j’ai été très bien servie. La ville était envahie de gens, touristes autant que locaux, qui cherchaient les bonnes aubaines au marché La Piazzola, qui savouraient cafés et cocktails sur les terrasses ou qui faisaient simplement les courses régulières du samedi, en prévision du traditionnel dîner familial du dimanche. Côté magasinage, j’ai plus ou moins trouvé ce que je cherchais, malgré la quantité phénoménale de vêtements que j’ai essayés. Ce n’est pas parce qu’on est en Italie, centre mondial de la mode, que le linge est beau… Je suis ici confrontée au même problème que j’éprouvais à Montréal : je ne trouve rien à me mettre car 1) les magasins ne vendent que de la guenille faussement vintage qui déchire après un lavage malgré le fait qu’on l’a payée 50 pièces, 2) les coupes sont conçues pour des filles filiformes sans cuisses ni seins et 3) en tant qu’ex-vendeuse de linges chez Simons, qui s’est évertuée pendant près de 5 ans à satisfaire la clientèle la plus exigeante, j’en suis venue à développer une haine profonde envers les boutiques, leurs commis et, surtout, leurs clients. Bref, je déteste magasiner, alors après deux heures de lèche-vitrine je m’énerve et j’ai juste envie d’aller prendre un verre de rouge pour me détendre ! Je serai à tout le moins revenue à la maison avec deux nouveaux morceaux de linge et trois nouveaux livres. Les livres, ça, ce n’est jamais un problème d’en trouver qui me plaisent ; c’est plutôt l’inverse qui se produit, il y en a trop qui m’intéressent et je peine à me résigner à n’en acheter que quelques-uns.

Ma journée de marche et de soleil bolognais s’est terminée dans le chaos de la station de train.  L’Italie, et l’Europe en général, c’est merveilleux, parce que le train vous amène pratiquement partout et presque en tout temps. Voyager de grande ville en grande ville est plutôt facile, même les voyageurs qui ne parlent pas la langue du pays se retrouvent facilement. Cependant, voyager en direction ou en partance de villes de moindre importance, là, ça peut devenir tout un bordel. Le train que vous devez prendre n’a généralement pas comme destination finale la ville où vous désirez vous arrêter, alors c’est un chiar seulement essayer de comprendre quel train vous devez emprunter. Ensuite, il faut déduire sur quelle voie vous devrez aller prendre ledit train – dans les stations comme Bologna Centrale, il y a généralement une dizaine de voies et les voies de départ et d’arrivée changent souvent, pour diverses raisons (retards, accidents, changements d’horaires, etc.). Avant d’embarquer dans le wagon, vous devez évidemment composter votre billet et, surtout, vous assurez que celui-ci est valide pour le type de train sur lequel vous vous trouvez. Parce qu’un billet de train « Régional » ne peut être utilisé sur un train « Intercity », même si ce dernier s’arrête bel et bien dans la ville qui vous intéresse. Hier, par exemple, pour aller à Bologna, j’ai dû attendre plus longtemps pour prendre une correspondance régionale, alors que j’avais devant moi un train qui allait à Bologna mais auquel je n’avais pas « droit ».

Une fois dans le train, si vous avez la chance d’avoir une place assise, vous pouvez vous reposer. Ça, c’est si un « inconvénient » quelconque ne se fait pas sentir. L’été, il arrive fréquemment que l’air climatisé ne fonctionne pas et l’hiver, même chose pour le chauffage. Dans mon cas, le problème ne fut pas « climatique », mais plutôt « sonore » : dès la montée dans le wagon de seconde classe, un son strident est venu heurter les tympans des voyageurs. Ce son extrêmement aigu et très fort était, c’est le moins qu’on puisse dire, dérangeant. J’osai espérer qu’il disparaîtrait une fois que le train se mettrait en marche, pensant qu’il était peut-être dû à un problème de frein ou un truc du genre. Malheureusement, une fois que le train eut quitté la gare, le bruit demeura tout aussi insistant. Je tâchai de le camoufler en enfilant mes écouteurs et en mettant le volume dans le piton, ce qui arrivait à peine à couvrir l’insupportable sifflement. À un certain moment, un préposé traînant un chariot de boissons et de friandises est entré dans notre wagon ; un des passagers, un vieillard sympathique, lui a demandé s’il ne pouvait pas faire quelque chose à propos de ce bruit. La réaction première du préposé fut « Quel bruit ? » Euh, celui qui vous empêche de penser à quoi que ce soit d’autre, peut-être ! me dis-je dans ma tête. « Ah, ça !  C’est peut-être l’interrupteur de l’interphone qui est coincé, je vais aller vérifier. » Il a continué son chemin jusqu’au prochain vestibule. Il n’est pas allé plus loin. Il s’est arrêté là. Il jasait avec des passagers, ou je ne sais trop. Pendant tout ce temps, ce son à rendre fou persistait. Dans mon cas, il ne s’est arrêté que lorsque je suis descendue à Modena, pour effectuer mon transfert en direction de Carpi. Pour les autres passagers, le son a continué. Parmi eux, certains devaient se rendre jusqu’à Piacenza et en avaient donc pour une autre bonne heure et quart à devoir endurer ce calvaire. À moins que quelqu’un ne se charge de régler le problème. Mais ce n’était vraiment pas parti pour être le cas.

***


La suite de mon week-end haut en aventures, dans un prochain billet…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire