Comme j’en ai fait mention la
semaine dernière, lors du passage en Italie de D. et G. (appelons-les Dolce et
Gabbana pour l’occasion), j’ai eu l’occasion de faire quelques petites
escapades qui méritent d’être ici relatées.
Rappelons que Dolce et Gabbana
sont arrivés le mercredi soir en sol italien, à une heure plutôt tardive. Comme
ils arrivaient de l’Autriche, cette journée-là, ils ont fait environ dix heures
de voiture. Le lendemain, ils avaient grandement besoin de se reposer. Nous
sommes restés sagement à Carpi, profitant de ses nombreux attraits touristiques,
à savoir le célèbre marché public du jeudi, où se donnent rendez-vous tous les
aînés et toutes les femmes au foyer de la ville, et le mythique Trentanove,
le bar où nous allons souvent faire l’apéro avec les copains. D&G trouvait
que c’était pas mal tard 20h pour faire l’apéro, et ils avaient bien raison,
mais pour ma part, après deux mois ici, j’ai fini par m’habituer à ces horaires
bizarres pour mon estomac de jeune femme américaine ! Ce soir-là, nous
avons soupé aux Spritz (un drink qui est un mélange de vin blanc mousseux,
d’Apérol ou de Campari, avec une tranche d’orange et des glaçons), aux petites
bouchées offertes par le bar et au gelato (un menu que j’adopte de plus en plus
souvent le vendredi soir !).
Le lendemain matin, un peu avant
8 heures, Dolce, Gabbana et moi-même avons quitté Carpi en direction des Cinque Terre, qui se
trouve à environ 2 heures de route de la maison – à condition d’emprunter
l’autoroute et de dépenser une quinzaine d’euros de péage, 30 aller-retour,
autrement, ça prend au moins 3h30, étant donné qu’il faut traverser une chaîne
de montagnes.
Nous avons laissé la voiture à La
Spezia pour prendre un train pour Riomaggiore, le premier village des Cinque
Terre. Je suis arrivée à La Spezia avec la plus grosse envie de pisser que je
n’ai jamais eu de ma vie ! La voiture était stationnée à plus ou moins 1
km de la gare et il m’était impossible d’attendre jusqu’à la station de train
pour uriner. Je marchais avec difficulté et douleur. J’ai voulu m’arrêter dans
un café où la tenancière s’affairait à balayer l’entrée ; elle m’a répondu
qu’ils étaient fermés. Je lui ai demandé gentiment si je pouvais quand même
utiliser les toilettes – ça devait se voir sur mon visage que je souffrais
vraiment beaucoup de la vessie –, elle a pris pitié de moi et a demandé à son
boss qui se trouvait juste à côté si je pouvais utiliser la salle de toilette.
Sans compassion, le regard froid, il m’a dit « On est fermé,
désolé. » J’aurais dû pisser sur le trottoir en face de son beau commerce
fermé, ça lui aurait peut-être appris à faire preuve d’un petit peu plus
d’humanité à l’égard des vessies en peine ! J’ai heureusement trouvé un
autre café à la toilette plus accueillante. J’ai acheté une bouteille d’eau
supplémentaire à cet endroit, me doutant que les 500 millilitres d’eau que
j’avais dans mon sac à d’eau ne seraient pas suffisants pour tenir le coup
toute la journée, et nous nous sommes ensuite mis officiellement en route pour
la gare.
Effectivement, 500 millilitres
n’auraient jamais été assez : j’ai consommé plus de deux litres de liquide
au cours de cette journée et je ne suis retournée aux toilettes que 8 heures
après mon épisode d’envie pressante…
Nous sommes arrivés à Riomaggiore
aux alentours de 11h20. Nous n’avons pas visité ce premier village, préfèrant
tout de suite nous attaquer aux sentiers. Nous avons longé la via dell’amore, un sentier asphalté qui
longe la côte et qui traverse normalement les cinq villages, or, son accès
était momentanément fermé entre les deuxième et troisième villages. Nous n’en
avions cure, car vraiment, ce sentier est d’un kitsch mielleux qui a de quoi
donner mal au cœur ! D’accord, la vue sur la mer turquoise dont les vagues
viennent se heurter aux massifs rochers a de quoi ravir l’œil, mais
l’impressionnante quantité de touristes en gougounes
et en talons hauts, les musiciens nomades qui jouent des chansons d’amour
quétaines à l’accordéon et les millions de
cadenas et de graffitis laissés là par des amoureux transis dans l’espoir
que cela porte chance à leur relation ont de quoi ruiner tout le plaisir que
vous pouvez éprouver en admirant la beauté du paysage.
Je n’ai jamais aimé les
touristes, même lorsque j’en suis moi-même une, mais dernièrement, j’ignore
pourquoi, c’est carrément une haine que j’ai développée à leur égard. Le
touriste moyen représente pour moi l’apogée de l’ignorance, de la cupidité, de
l’égoïsme et est le pur symbole d’une société de consommation en perdition.
Enfin, je m’attaquerai à la question un autre jour plus en profondeur, afin de
ne pas gâcher le beau portrait des Cinque Terre que je me suis donné pour
mission de vous dresser !
Après avoir quitté le mièvre et
puéril sentier des amoureux, nous sommes pénétrés dans le village de Manarola,
à la recherche de la trail qui s’enfonce
dans les terres. Ça nous aura pris un bon 20 minutes avant de réussir à
comprendre où se trouvait le chemin que nous désirions emprunter, faute
d’indications claires. À l’aide d’autres touristes et de nos trois langues
(anglais, français, italien), nous avons réussi à dénicher ce que nous cherchions.
Tous ceux à qui nous avons demandé des indications nous ont avertis : il y
a beaucoup de marches, mais ça vaut vraiment la peine.
Ils avaient raison : nous avons
monté 700 marches et bordel que ça valait le coup d’œil ! Nous aurions pu
être un peu plus futés et nous arranger pour monter ces centaines de marches à
un autre moment qu’à l’heure du zénith, mais bon, tout comme le soleil, on ne
peut pas toujours être brillants ! Nous avons eu chaud quelque chose de
rare, y compris dans des endroits où il n’est pas habituel d’avoir de la sueur.
La canicule italienne battait toujours son plein et il n’y avait pas un nuage
dans le ciel. C’est donc en état de semi-décomposition que nous sommes arrivés
au sommet. Je me suis amusée à prendre quelques photos avec mon cellulaire,
mais pour des clichés encore plus époustouflants, je vous invite à aller
visiter le
blogue de D&G, car Dolce est un photographe professionnel et il avait
avec lui un attirail beaucoup plus efficace que mon Blackberry à deux
mégapixels.
Avant de continuer notre route
vers le village de Corniglia, nous avons fait un petit arrêt lunch en hauteur,
près d’une jolie chapelle où s’étaient également arrêtés d’autres randonneurs,
en majorité des Français dotés du charmant accent du Sud. L’un d’eux nous a
offert le digestif en guise d’apéro et nous a invités à prendre quelques
gouttes d’un spiritueux grec à même sa fiole de métal. Dolce a accepté avec
grande joie la proposition, tandis que Gabbana et moi l’avons déclinée, car une
seule goutte d’alcool aurait probablement été suffisante pour nous saouler,
étant donné notre état de randonneuses aux muscles ramollis par le soleil de plomb
et le manque de protéines. Nous nous sommes donc contenté des vivres que nous
avions apportées avec nous – avocat, thon, huile d’olive, concombre, biscottes, confitures, noix – et du thé
glacé bien frais que nous nous sommes procuré dans un dépanneur béni des
marcheurs déshydratés.
Ragaillardis, nous avons repris
la route. Nous avons circulé dans les vignes, à flanc de montagnes, alors que
les vignerons s’affairaient à cueillir le raisin qui servirait par la suite à
fabriquer le bon vin. Les sentiers étaient paisibles, bien que nous ayons
croisé plusieurs personnes. Pendant d’interminables minutes, nous avons marché
derrière une famille d’Italiens verbomoteurs qui n’arrêtaient pas de parler de
choses inintéressantes et de commenter tout ce qu’ils voyaient. « C’est
moi qui va prendre ma douche en premier ce soir, shot gun! » ou encore
« Comment on dit turban en arabe ? Ça doit être à peu près comme ça,
hein : tourbanne ? », et j’en passe, et j’en passe. Les Che bello ! fusaient de toute part
et gâchaient le silence chargé d’or et d’humidité de l’instant. J’avouai à mes
comparses qu’ils étaient chanceux de ne pas comprendre l’italien parce qu’au
moins, l’insipidité des propos tenus par nos voisins de marche ne pouvait ainsi
pas les atteindre.
La descente jusqu’au village de
Corniglia fut plutôt difficile pour les genoux – mes rotules ont bien failli
rentrer par en dedans environ cinq fois tellement j’avais la jambe molle.
Arrivés là-bas, nous avons pu jouir d’une fontaine d’eau fraîche mise à la
disposition des voyageurs pour nous mouiller la nuque et le visage. Nous avons
par la suite déambulé dans les mignonnes petites rues de Corniglia et nous
sommes procuré un rafraîchissant granité fraise et citron pour nous refroidir
le cerveau. Bien que le village étaient envahi par les touristes (parmi
lesquels quelques-uns à l’accent québécois), son charme a pu se rendre jusqu’à
nous et nous tirer quelques sourires. De là, nous avons repris le train (nous
avions un billet qui nous permettait de monter à bord du train reliant les 5
villages autant de fois que nous le souhaitions au cours de la journée) pour
nous rendre à Monterosso, le dernier et le plus gros village des Cinque Terre,
choisissant de ne pas faire d’arrêt à Vernazza, étant donné que l’après-midi
tirait déjà à sa fin et que nous ne voulions pas rentrer trop tard à Carpi.
À Monterosso, nous nous sommes garochés à l’eau en bobettes et en
brassières. Nous n’avions pas cru bon amener nos maillots de bain, or, nous avons
eu tellement chaud qu’une baignade dans la Méditerranée s’imposait. L’eau était
tellement salée que je flottais « debout ». En raison d’un centre de
gravité particulièrement bas, je possède de façon générale une capacité de
flottaison particulièrement impressionnante (difficile pour moi de rester
assise dans un spa, je remonte à la surface à tout coup !), mais tout de
même, réussir à rester droite dans l’eau sans bouger ni les bras ni les jambes
et avoir la tête qui demeure en dehors de l’eau, ça ne m’était jamais
arrivé !
Qui dit pas de maillot de bain
dit pas de serviette : après notre saucette dans la chaude et salée mer
Méditerranée, nous avons directement réenfilé nos vêtements et c’est donc le
cul mouillé que nous sommes allés casser la croûte. Il n’était que 18h, c’est-à-dire
difficile de trouver un restaurant ouvert pour le repas, mais nous avons fini
par dénicher un petit bar où il servait autre chose que des chips pour nourrir
leur clientèle. Avant de retourner prendre le train en direction de La Spezia,
nous sommes arrêtés chercher un gelato, qui malheureusement goûtait la glace –
les endroits touristiques ne sont vraiment pas une référence en matière de
bonne bouffe, qu’on se le tienne pour dit. Nous avons mangé notre glace (le terme français s’applique
ici très bien) en trottinant le long de la mer, éclairés par la lumière orangé
du soleil qui se couchait. Il y a des paysages qui parviennent à faire oublier
le goût décevant de certaines choses…
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