Dernier jour de
novembre. La folie du temps des Fêtes débutera bientôt. Mes beaux-parents, qui
possèdent chacun un commerce, travailleront sept jours sur sept d’ici au 24 décembre
afin de satisfaire les envies de surconsommation des clients les plus exigeants.
Pour ma part, je n’ai jamais senti Noël aussi loin, aussi flou, aussi
improbable.
Pour moi, Noël qui approche, c’est la première
neige, la rue Sainte-Catherine envahie par la slush et les passants qui se traînent
les bottes et qui se plaignent qu’il fait trop chaud dans les souterrains du métro ;
Noël, c’est les décoration chez Simons, les promenades sur l’avenue Mont-Royal,
un arrêt au Première Moisson pour prendre un chocolat chaud et un dessert trop
cochon, l’odeur des clémentines mélangée à celle du sapin fraîchement récolté
au Marché Jean-Talon, mes chats qui jouent avec les guirlandes, les films à Télé-Québec,
un voyage en train jusque chez mes parents à Québec, une soirée de jeux et de
rires avec mes sœurs, mon frère, mes parents, mon neveu, des journées complètes
en pyjama à regarder la télé chez ma mère, un long bain chaud, lire un livre
pendant qu’il fait tempête dehors et, le lendemain, aller faire de la raquette
dans le bois ou patiner à l’anneau de glace du quartier. Ici, il n’y a rien de
tout cela.
La neige est remplacée par le brouillard et l’humidité.
Moi, la Canadienne, celle qui vient du Nord, qui a connu les moins quarante
degrés Celsius, je passe mon temps à dire que j’ai froid. Le thermomètre
italien a beau afficher une température extérieur de cinq degrés, je grelotte,
car l’humidité perce la peau, pénètre tous les tissus et enrobe les os. Je
passe mes journées avec une doudou sur le dos à rêver du froid de chez nous,
blanc et sec.
Mis à part rêver au vrai hiver, j’avoue ne
pas faire grand-chose. Je n’ai pas envie d’écrire par les temps qui courent. Ce
n’est pas pour rien que la semaine dernière, pour la première fois depuis que
je suis partie, je n’ai pas nourri ce blogue. Mon ordinateur me rebute. Mon
corps refuse de rester assis des heures devant l’écran. Non pas que je n’aie
plus d’idées, seulement, celles que je possède voudraient pouvoir s’exprimer de
manière plus physique, concrète, humaine. En ce moment, les mots ne me
suffisent pas. J’ai besoin d’images, de gestes, de touchers, de couleurs, de
sueur. Loin de moi l’idée d’abandonner l’écriture. Je désirerais simplement compléter l’écriture, lui trouver une
compagne, un autre mode d’expression qui pourrait combler en moi les envies que
la littérature ne parvient pas à assouvir. J’ai des fantasmes de théâtre, de
bricolage, de peinture, de découpage, de photographie, de danse.
Au beau milieu d’un décor hivernal, bordé de
blanc et de branches mortes, une immense scène, sur laquelle se tient une jeune
femme rousse, habillée de violet et d’orangé. Elle parle, elle gesticule, déambule,
avance, recule, s’adresse à une foule qui n’existe pas. Car cette saison n’est
pas l’hiver.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire