mercredi 30 novembre 2011

Cette saison n'est pas l'hiver


Dernier jour de novembre. La folie du temps des Fêtes débutera bientôt. Mes beaux-parents, qui possèdent chacun un commerce, travailleront sept jours sur sept d’ici au 24 décembre afin de satisfaire les envies de surconsommation des clients les plus exigeants. Pour ma part, je n’ai jamais senti Noël aussi loin, aussi flou, aussi improbable.

Pour moi, Noël qui approche, c’est la première neige, la rue Sainte-Catherine envahie par la slush et les passants qui se traînent les bottes et qui se plaignent qu’il fait trop chaud dans les souterrains du métro ; Noël, c’est les décoration chez Simons, les promenades sur l’avenue Mont-Royal, un arrêt au Première Moisson pour prendre un chocolat chaud et un dessert trop cochon, l’odeur des clémentines mélangée à celle du sapin fraîchement récolté au Marché Jean-Talon, mes chats qui jouent avec les guirlandes, les films à Télé-Québec, un voyage en train jusque chez mes parents à Québec, une soirée de jeux et de rires avec mes sœurs, mon frère, mes parents, mon neveu, des journées complètes en pyjama à regarder la télé chez ma mère, un long bain chaud, lire un livre pendant qu’il fait tempête dehors et, le lendemain, aller faire de la raquette dans le bois ou patiner à l’anneau de glace du quartier. Ici, il n’y a rien de tout cela.

La neige est remplacée par le brouillard et l’humidité. Moi, la Canadienne, celle qui vient du Nord, qui a connu les moins quarante degrés Celsius, je passe mon temps à dire que j’ai froid. Le thermomètre italien a beau afficher une température extérieur de cinq degrés, je grelotte, car l’humidité perce la peau, pénètre tous les tissus et enrobe les os. Je passe mes journées avec une doudou sur le dos à rêver du froid de chez nous, blanc et sec.  

Mis à part rêver au vrai hiver, j’avoue ne pas faire grand-chose. Je n’ai pas envie d’écrire par les temps qui courent. Ce n’est pas pour rien que la semaine dernière, pour la première fois depuis que je suis partie, je n’ai pas nourri ce blogue. Mon ordinateur me rebute. Mon corps refuse de rester assis des heures devant l’écran. Non pas que je n’aie plus d’idées, seulement, celles que je possède voudraient pouvoir s’exprimer de manière plus physique, concrète, humaine. En ce moment, les mots ne me suffisent pas. J’ai besoin d’images, de gestes, de touchers, de couleurs, de sueur. Loin de moi l’idée d’abandonner l’écriture. Je désirerais simplement compléter l’écriture, lui trouver une compagne, un autre mode d’expression qui pourrait combler en moi les envies que la littérature ne parvient pas à assouvir. J’ai des fantasmes de théâtre, de bricolage, de peinture, de découpage, de photographie, de danse.

Au beau milieu d’un décor hivernal, bordé de blanc et de branches mortes, une immense scène, sur laquelle se tient une jeune femme rousse, habillée de violet et d’orangé. Elle parle, elle gesticule, déambule, avance, recule, s’adresse à une foule qui n’existe pas. Car cette saison n’est pas l’hiver. 



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