mercredi 4 avril 2012

Un monsieur et une madame


J’ai beaucoup parlé de la grossesse ces derniers temps. Difficile de faire autrement quand ton quotidien t’est dicté par ta bedaine, que tu n’es plus libre de faire ce que tu veux quand tu le veux parce que tu es occupée à fabriquer des bébés. Cependant, j’ai très peu parlé d’un des principaux « coupables » de ma situation : F. Car oui, je vous le confirme, pour ceux qui l’ignoraient ou qui en doutaient encore, pour faire des enfants, ça prend un monsieur et une madame – généralement, les résultats sont plus concluants en tout cas. Bref, tout ce qui m’arrive, c’est un peu de la faute à F. Mais vous savez quoi ? Je ne lui en veux pas deux secondes. En fait, je ne lui serai jamais assez reconnaissante.

Reconnaissante de quoi ? De m’avoir transformée en usine à fœtus, d’avoir fait de moi une grosse madame qui passe ses journées sur le divan, d’avoir implanté en moi ce fruit qui grandit à vue d’œil et que ma peau étirée a de plus en plus de difficulté à contenir, tant et si bien que j’ai l’impression que c’est par les oreilles que je finirai par accoucher ? Non. Ce n’est pas pour cela que je suis reconnaissante envers F.

Je le suis plutôt car il y a de cela bientôt deux ans, il a accepté de sceller son destin avec le mien en m’épousant et que cet engagement ne lui a pas suffi ; il a voulu faire de notre amour une œuvre encore plus grande : il a souhaité que de nos sentiments réciproques naissent de nouvelles formes de vie. Que le respect et la tendresse que nous éprouvons l’un pour l’autre s’enracinent dans la terre et se transforment en un chêne immense aux branchages infinis. Le début d’un nouvel arbre généalogique, qui servirait de pont entre nos deux terres natales. C’est de cela que je suis reconnaissante à F. De son dévouement, de sa volonté de construire quelque chose de durable, de sa confiance, de sa présence inconditionnelle.

En plus de travailler à temps plein, F. doit présentement s’occuper du lavage, du ménage, de la préparation des repas, des courses et de l’épicerie. Comme si ce n’était pas assez, le soir, lorsque je souffre de terribles maux de dos, il doit me masser pour calmer mes muscles endoloris et me permettre de m’endormir. Il nettoie la baignoire lorsque je désire prendre un bain et me tient compagnie durant ce moment de détente. Chaque matin, il se lève à 6h00 et vient m’embrasser avant de quitter la maison, prenant la peine à toutes les fois de me dire « Repose-toi ma chérie, tu en as besoin » – comme si lui n’en avait pas besoin. Le midi, il prend dix minutes sur les trente qui lui sont accordées pour le lunch pour m’appeler et s’informer de mon état. Lorsqu’il est à la maison, il est à l’écoute de mes moindres besoins et me réprimande si j’ai osé faire une chose par moi-même alors qu’il était tout près et qu’il aurait très bien pu s’en charger. Et parfois, inquiet, il me demande « Est-ce que tu trouves que j’en fais assez ? » Mon cœur fond, et je ne peux lui répondre que par un baiser éperdu.

Je ne me fatiguerai jamais de répéter à quel point F. est un homme extraordinaire. Je prends la peine de le lui rappeler tous les soirs avant qu’il ne s’endorme, mais ce n’est pas suffisant. Il me faudrait pouvoir le lui murmurer à l’oreille à chaque seconde du jour et de la nuit. Ainsi, peut-être finirait-il par comprendre à quel point il est exceptionnel.

Le 26 octobre 2011, j’affirmais sur ce blogue que j’étais tombée de nouveau amoureuse de F. lors de notre petite escapade dans la ville de Lucca et que Luca m’était alors apparu comme un joli prénom pour un garçon, laissant ainsi sous-entendre que j’envisageais de faire des enfants avec F. dans un avenir rapproché. Ce que j’ignorais, c’est que j’étais déjà enceinte de lui. Depuis trois jours. Trois jours après la fécondation, c’est normalement à ce moment qu’un de mes ovules s’est divisé pour former deux embryons. Nos deux petites jumelles identiques. Et juste à côté, un autre ovule avait aussi été fécondé. Nos triplettes étaient déjà bien en place. Et cette aventure, je n’aurais pas pu la vivre avec quelqu’un d’autre que F.  

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