Hier,
je fêtais mes trente ans. Pour l’occasion, j’ai passé la majeure partie de ma
journée à l’hôpital avec mes filles, car elles avaient des rendez-vous de suivi
avec des spécialistes. Le gros high light
de ma journée a été de boire une demie bouteille de vin rouge au repas. Un soir
de semaine, imaginez comme je suis wild.
Il n’était pas très bon en fait. C’était un Bourgogne, que j’avais choisi
moi-même, je ne sais pas trop pourquoi, puisque je préfère les italiens. Ils
sont moins acides. Enfin, quand je dis que j’ai fêté, vous comprenez tout de
suite que j’exagère.
J’aurais
plutôt dû dire « Hier, j’ai eu trente ans. » Point.
À
vrai dire, j’ai l’impression que j’ai eu trente ans il y a déjà longtemps. Avec
tout ce qui s’est passé dans ma vie au cours des dernières années, je crois que
mon corps, mon cœur et ma tête ont vieilli en accéléré. Ce que je célébrais
hier, c’était un chiffre, cependant, l’état d’esprit qui vient normalement
avec, il y a des lustres que je l’avais atteint.
Le 9
octobre 2013, c’était donc une journée comme les autres. Plus on vieillit, plus
les anniversaires deviennent des journées comme les autres, j’imagine. On n’est
pas pressé de se faire rappeler que nous avons un tour de plus au compteur ni
que notre face affiche sans cesse plus de rides et autres marques du temps. On
n’en fait plus un plat si les gens oublient de nous appeler ou de nous envoyer
une carte. On se contente des cinquante messages de semi-inconnus sur notre
babillard Facebook et on se dit qu’au fond, on n'en a rien à foutre.
C’était
ainsi que je me sentais hier en tout cas. Je m’en foutais. Sincèrement. J’ai
déjà souvent fait semblant de ne pas être concernée par des choses qui en fait
me touchaient, mais là, ce n’était pas du fake.
Je n’en avais cure. Ce qui fait en sorte que j’ai passé l’un des plus beaux
anniversaires de ma vie. Même si je me suis couchée à 21h45, que j’ai dû me
taper les hôpitaux et ce con dans le stationnement qui ne comprenait pas ce que
signifiait « sens unique ».
C’était
le plus bel anniversaire de ma vie parce que j’étais entourée de ceux qui
comptent le plus au monde pour moi. Mon mari, mes enfants. Nous sommes heureux
ensemble. Nous formons une famille unie, ricaneuse, curieuse, amoureuse. Que
pourrions-nous demander de plus ? Que pourrais-je exiger d’autre comme
cadeau d’anniversaire ? Un cadeau qui s’offre à moi tous les jours, qui
plus est.
Je
dois sonner ultra kitsch. Et ça aussi je m’en fous. Le cynisme, j’en ai marre.
Je laisse les autres s’amuser à trouver ridicules les bonheurs simples. À
partir de maintenant, pour ma part, ce sont uniquement ces plaisirs que je chercherai à
cultiver.
J’aimerais
avoir plus de temps pour voir mes amis. Je me suis involontairement éloignée de
plusieurs d’entre eux depuis que j’ai eu mes triplées, pour des raisons qui
m’apparaissent évidentes et qui n’ont rien à voir avec un quelconque manque de loyauté,
de reconnaissance ou de respect. J’aimerais pouvoir sortir le vendredi ou le
samedi soir, aller au cinéma ou prendre un verre entre copines. Dans ma vie
actuelle, ça ne se peut pas. J’aimerais être assez en forme et avoir
suffisamment d’argent pour faire du sport plus sérieusement, aller plus souvent
au musée, recommencer à aller au théâtre, lire davantage, acheter plus de
livres et de musique, cuisiner toutes ces recettes que je me suis un jour
promis d’essayer. Ce n’est pas possible. Pas pour l’instant. J’aimerais pouvoir
mettre davantage d’énergie dans ma carrière, écrire encore plus, trouver de
nouvelles voies pour exercer l’écriture, en vivre. Je dois remettre ça à plus
tard. Il y a bien quelques moments où cela me pèse, de ne pas toujours pouvoir
faire ce dont j’ai envie quand j’en ai envie. Mais honnêtement, la majorité du
temps, cela ne me cause pas problème.
Car
je suis riche d’une richesse unique et inestimable qui fait de moi une des
femmes les plus chanceuses au monde. Je suis entourée d’amour. Encore du
quétaine. Eh oui. C’est cet effet que me cause la trentaine. Je deviens fleur
bleue. Et j’emmerde tous ceux qui croient qu’être romantique, ou tendre, ou
sentimentale, ou simplement heureux, c’est signe de faiblesse ou de manque d’intelligence
– car notre monde déborde de ces gens qui se pensent plus intelligents que les
autres parce qu’ils détestent la Saint-Valentin, Céline Dion et tout ce qui
rend heureux le supposé petit peuple et parce qu’eux, ils sont anxieux, vivent
des amours compliqués et lisent de la vraie
poésie.
Bref,
j’aborde (ou, du moins, je tente d’aborder) la trentaine avec sérénité et
optimisme (à part en ce qui concerne ma hargne des cyniques finis, que
voulez-vous, j’ai encore du travail à faire !). J’essaie de ne plus me
mettre de pression, de me concentrer sur ce qui est essentiel et qui me fait du
bien. Donc oui, il y a aussi un peu d’égoïsme dans ma manière d’accueillir
cette nouvelle décennie. Je compte bien penser à moi et prendre mon temps.
Prendre mon temps pour me remettre complètement sur pieds, prendre mon temps
pour faire des choses en apparences inutiles qui ne servent aucun but précis,
prendre mon temps pour ne rien faire du tout.
Tout
à l’heure, j’ai fait une sieste d’une heure et demie en même temps que mes
filles. Léa pleurait, elle s’est endormie dans mes bras, tandis que les deux
autres dormaient paisiblement dans leur lit. La maison était calme. C’était le
bonheur.
Je
veux que ma vie de trentenaire ressemble à cela. À une maison dont les résidants
sont occupés à se reposer par un bel après-midi d’automne.
Je dépasserai sous peu la mi-trentaine... Et je dirais que c'est dans cette trentaine, avec ma meute et ma vie plate et rangée, que j'ai trouvé le bonheur. Dans les choses ordinaires. J'ai arrêter de chercher ZE bonheur et j'ai regarder tout les petits bonheurs partout autour de moi, parce que je crois honnêtement qu'il est là le bonheur!
RépondreSupprimerMa meute grandit doucement, mon bebe aura 3 ans dans un avenir assez près et je retrouve doucement ces choses qui me manquaient par moment. Avec le recul, ce n'est qu'un moment a passer, que je ne regrette pas.
Fonder une famille change clairement toute la perception qu'on pouvait avoir du bonheur. Dans mon cas, ça a été assez drastique comme changement - passer de 0 enfant à 3 tout d'un coup, ça te modifie une existence en pas pour rire! -, mais bien que je trouve encore ça très dur parfois, je réalise que je ne retournerais pas en arrière et je suis convaincue que ce qui m'attend devant ne sera que toujours plus beau.
RépondreSupprimerMerci pour tes commentaires, Ge Sirois. :)