J’ai passé le week-end à l’hôpital, au chevet de Béatrice,
qui se remet tranquillement d’une pneumonie. Rien d’inquiétant, seulement une
situation qui risque de se reproduire souvent au cours des prochains mois, car
en tant que grandes prématurées, nos trois poulettes sont très fragiles aux
virus et aux bactéries. F. a pris la relève hier en fin de journée et c’est
maintenant mon tour de m’occuper de Léa et Alice, pendant que leur petite
sœur reprend des forces auprès de son papa. Présentement, elles dorment paisiblement.
La maison est tranquille comme une vieille femme qui sait que
son heure approche.
Je me risque à prendre le clavier en sachant très bien qu’à
tout moment mon élan risque d’être interrompu par des pleurs, des odeurs de
merde ou des cris de faim. Les moments de solitude, de détente ou de
contemplation n’existent plus dans ma vie. L’écriture n’est plus possible.
Lorsque j’aurais trente minutes à lui consacrer, les idées meurent.
Les mots me
fuient.
Ma réalité est trop concrète pour être décrite par de conceptuels
phonèmes. Couches, caca, biberons, suces, doudou, pyjama, rot,
régurgitation : comment pourrait-on faire de la poésie avec ces paroles
sans images ? Pour écrire, il faut réfléchir. Or, dans le quotidien d’une
jeune maman, la réflexion cède sa place au sommeil ; la philosophie, à la
scatologie et le poème, aux comptines bêtes qui cherchent vainement à endormir
les enfants.
Oh que oui, j'ai le même sentiment avec seulement un bébé, c'est pour dire! Mais heureusement, ça revient à mesure qu'ils grandissent. Et cette nouvelle expérience d'amour donnera d'autres histoires...
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