On attend généralement
le mois de janvier pour prendre des résolutions. On se dit qu’une année qui
commence, c’est l’occasion idéale pour se faire des promesses qu’on ne tiendra
pas. Pourtant, des 365 jours qui composent le calendrier, je n’en connais pas
beaucoup qui soient plus mauvais qu’un autre pour prendre des décisions à
moitié. Il n’est jamais trop tard pour scraper sa vie ni trop tôt pour lui
injecter un nouveau souffle. Bref, je me suis dit que le 7 novembre, ça
pourrait être une belle journée pour vous faire part de ce que j’aimerais
changer dans mon existence imparfaite.
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En
septembre, j’ai arrêté le café. Je l’ai remplacé par des thés ou des tisanes.
J’aimerais continuer dans cette voie (ça ne devrait pas être trop difficile, le
café ne me manque pas vraiment). J’aimerais cependant devenir capable de boire
mon thé sans faire autre chose. Que cela devienne un véritable moment de repos,
de ressourcement, de méditation. Non pas une manière d’occuper mes mains et ma
bouche pendant que je stresse au sujet des tâches ménagères à accomplir ou de
mes dates de tombée.
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Bien que
j’en consomme déjà très peu, j’aimerais manger moins de viande. Je ne veux pas
devenir végétarienne, j’aime la viande et lorsqu’elle est produite dans les
bonnes conditions, cela ne me pose aucun problème moral. Je respecte beaucoup
ceux qui ont choisi le végétarisme comme mode de vie (et non pas comme mode
tout court – ceux-là, ils me font chier), mais je fais plutôt partie de l’école
des « autochtones » ; les autochtones respectent la nature, lui rendent
hommage et la remercient de ses offrandes, mais ils ne se privent pas d’en
consommer les richesses, quelles soient animales ou végétales. Ma résolution
serait peut-être celle-là en fait : j’aimerais consommer de manière plus
responsable et être davantage reconnaissante envers ceux qui me nourrissent – les
animaux, les agriculteurs, ceux qui sacrifient leur vie pour donner à manger à
la planète, quoi.
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Je
voudrais trouver une activité physique qui me plaise vraiment et la pratiquer
régulièrement, pour la forme, mais surtout pour le plaisir. J’ai déjà parlé de
ma perception de la course à pied, maintenant que c’est devenu une norme de la
pratiquer, alors il me faudra dénicher autre chose que le jogging pour me
garder en shape. Le badminton ?
La nage ? Le vélo ? Le ski ? Ça me prend quelque chose de pas
trop contraignant sur le plan des horaires, vie de famille oblige. Idéalement,
un sport qui ne nécessite ni d’aptitudes particulières (je suis un format mini,
laissez faire le basket), ni de longues heures de cours (la plongée
sous-marine, mettons qu’on repassera) et qui peut se pratiquer près de chez moi
(monter les marches ne compte pas).
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Mon plus
grand défi : arrêter de m’en faire. Je suis une angoissée de nature. Je
réfléchis trop. Mon anxiété, comme je l’ai déjà raconté ici, a été nourrie par
la grande fatigue qui a suivi mon accouchement et les exigences de la vie de
maman de triplées. Maintenant, la routine est un peu plus facile alors je
devrais être en mesure de faire baisser mon taux de stress. Je dois arrêter de
faire de la projection et d’imaginer ce que sera l’avenir (de manière
généralement plutôt farfelue et pas du tout réaliste, puisque la majorité de
mes craintes ne se réalisent jamais). Me concentrer sur l’ici et le maintenant,
m’en contenter. C’est un travail à long terme. On ne convertit pas un esprit
tourmenté à la zénitude en criant « Bouddha ! »
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Deuxième
résolution la plus difficile à concrétiser : arrêter de m’en faire avec ce
que les autres pensent. Je dégage généralement une grande confiance en moi et
un je-m’en-foutisme à l’égard de ce qu’autrui peut bien penser à mon sujet,
mais il n’y a rien de plus faux que cette indifférence qu’on m’attribue
souvent. Je suis tout sauf indifférente. Ce que plusieurs perçoivent comme du
détachement, voire de la condescendance, n’est en fait qu’une façon de survivre
au regard des autres, à leur jugement. Une belle grosse carapace que je me suis
forgée au fil des années et qui m’a fait marcher la tête haute même lorsqu’en
dedans je me sentais comme un haricot desséché. Je dois apprendre à ne plus
anticiper ce que les gens penseront de moi, à m’insensibiliser aux remarques
négligentes et aux attaques déplacées, à vivre ma vie comme je l’entends, en
respectant bien entendu la liberté et les valeurs d’autrui mais en n’étant pas virée
à l’envers pendant une semaine lorsque je blesse quelqu’un ou que je le déçois.
Des résolutions pour rendre mon existence plus agréable, je pourrais en
prendre mille autres. Mais déjà avec celles-ci, il me semble que j’ai du
travail pour plusieurs décennies ! Il est probablement sans intérêt pour
beaucoup de personnes de prendre compte de ces « lignes directrices »
que j’essaie de suivre du mieux que je le peux, mais j’ai choisi de les
partager au cas où elles pourraient trouver écho dans la tête de deux ou trois
lecteurs qui, eux aussi, cherchent à améliorer leur petite personne.
N’allez pas croire que je verse maintenant dans la psycho-pop et que mon
prochain bouquin parlera de croissance personnelle. Je suis de celle qui croit
que c’est dans l’intimité et le recueillement qu’on peut véritablement
instaurer des changements en soi et les vivre jusqu’au bout. Ça ne devrait donc
pas devenir une habitude que de vous entretenir au sujet des solutions que je
cherche à mettre en place pour rendre mon quotidien moins cahoteux. Toutefois,
je crois aussi que cette quête du meilleur est l’affaire d’une majorité.
Pourtant, on se sent souvent bien seul dans notre poursuite du bonheur. On a constamment
besoin de se faire rappeler que notre désir du mieux est partagé par plusieurs
et que ces « plusieurs » possèdent peut-être une partie de la réponse
à nos interrogations métaphysiques et autres remises en questions.
C’est ironique, oui : j’essaie de moins m’en faire avec les autres,
cependant, je reconnais de plus en plus que j’ai besoin d’eux pour construire
mon équilibre.
La philosophie sud-africaine ubuntu dit: « Je suis ce que je suis parce que vous êtes ce que vous êtes », et donc : « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous ». On ne se construit pas sans l'autre, et on ne réussit rien sans lui non plus.
RépondreSupprimerCelui qui te donne un mauvais commentaire ou se fâche contre toi est dans sa propre réaction, dans sa propre peine. Tu en as été le déclencheur (parfois bien malgré toi), mais ça ne te vise pas directement. Tu es le rappel d'une affaire qui lui a fait ben mal, mais avant toi... Et c'est pour ça qu'il s'embrase comme ça.
Disons que ça m'a fait beaucoup réfléchir quant à mes propres colères de comprendre ça. :)